Le foie et les hépatites

Mis à jour le 14.04.2022

Le foie

Le mot grec pour foie est « hepar » — c’est pourquoi les mots médicaux associés au foie commencent souvent par « hépato » ou « hépatique ».
Les Grecs considéraient que le foie était le siège des émotions. Ils pratiquaient « l’hépatoscopie » au cours de laquelle on sacrifiait des bœufs ou des chèvres pour examiner leur foie afin de déterminer la réussite ou l’échec de leurs campagnes militaires. Les Grecs considéraient le foie comme l’organe le plus étroitement en contact avec les divinités.

Le foie est l’organe le plus volumineux du corps humain. Il pèse entre 1400 et 1600 grammes et est constitué pour 90 à 95 % de cellules spécifiques, appelées hépatocytes, au nombre d’environ 500 milliards.

À tout moment le foie contient environ 10% du sang de votre organisme et il y pompe environ 2016 litres par jour soit 1,4 litre à la minute. C’est un centre de transformation, une station d’épuration, une usine de fabrication et un centre de régulation.

Dessin du foie humain

 

Hépatite A

Le VHA est présent dans le monde entier mais les niveaux d’incidence et de prévalence sont liés au niveau de développement économique des régions. Schématiquement, plus les conditions socio-économiques sont mauvaises, plus le taux de personnes ayant rencontré le virus est grand (jusqu’à 100% dans certaines zones d’Afrique) et plus la contamination se fait tôt dans l’enfance.

En France, en 1970, 50% des personnes âgées d’au moins 20 ans avaient rencontré le virus. Ils ne sont plus que 10 à 20% aujourd’hui grâce à l’amélioration des conditions d’hygiène ; d’où un risque important d’infection lors de voyages en pays de forte prévalence.

 

 

Comment contracte-t-on l’hépatite A ?

Le virus de l’hépatite A est présent dans les selles des personnes infectées. l’hépatite A se transmet donc par voie fécale-orale, soit de personne à personne, soit par des aliments ou de l’eau contaminée.
Par exemple, on peut contracter le virus en omettant de se laver les mains après avoir changé les couches d’un bébé ou après être allé aux toilettes.
On peut aussi l’attraper en consommant de l’eau contaminée ou des aliments qui ont été en contact avec de l’eau contaminée, comme des mollusques et des crustacés crus ou insuffisamment cuits, des légumes, des salades et des fruits non pelés.
La contamination peut aussi se produire lorsqu’une personne infectée manipule des aliments.
Le virus peut également être transmis au cours de rapports sexuels oraux ou anaux.
Le virus peut se transmettre partout où les conditions sanitaires et l’hygiène personnelle sont déficientes. La période de contagion commence 15 jours avant l’apparition des symptômes et se termine 15 jours après leur disparition.

  • Délai d’incubation : 15 à 45 jours.
  • Signes et symptômes : La plupart des gens qui font une hépatite A, qu’elle soit légère ou grave, récupèrent de façon naturelle. Les symptômes disparaissent habituellement au bout de 4 à 6 semaines.
  • Il existe un vaccin contre le VHA. Il existe aussi un vaccin combiné contre l’hépatite A et l’hépatite B.

Hépatite B

L’hépatite B est la maladie sexuellement transmissible la plus répandue sur la planète et la plus meurtrière. 2 milliards d’individus, soit une personne sur trois dans le monde, ont déjà été en contact avec le virus.

Plus de 296 millions de personnes vivent avec une infection par le virus de l’hépatite B (positivité pour l’antigène de surface de l’hépatite B). En 2019, 820 000 personnes sont décédées des suites d’une infection par l’hépatite B, notamment de cirrhose ou de cancer du foie.

  • En 2019, 30,4 millions d’individus (10 % du total estimé de la population vivant avec l’hépatite B) avaient connaissance de leur infection, tandis que 6,6 millions (22 %) des personnes diagnostiquées étaient sous traitement. D’après les dernières estimations de l’OMS, la part des enfants de moins de 5 ans présentant une infection chronique par le VHB est passée d’environ 5 % à l’ère pré-vaccinale (période allant des années 1980 au début des années 2000) à un peu moins de 1 % en 2019.
  • Selon ces estimations de 2019, environ 1,5 million de personnes contractaient une nouvelle infection par le virus de l’hépatite B chaque année, malgré la disponibilité d’un vaccin très efficace.
  • On dispose cependant de vaccins sûrs et efficaces pour prévenir l’hépatite B.

Selon l’étude Barotest de 2016, en France, 135 706 personnes seraient atteintes d’une hépatite B chronique, parmi lesquelles 111 957 l’ignoraient. Elle est à l’origine de 1 500 décès par an.

 

 

Comment contracte-t-on l’hépatite B ?

Le virus de l’hépatite B est extrêmement contaminant : dix fois plus que le virus de l’hépatite C, cent fois plus que le virus du sida. Il est aussi plus résistant et n’est pas détruit par l’alcool et l’éther. Le virus contenu dans du sang séché peut demeurer stable jusqu’à sept jours à une température de 25 °C.
Le VHB se transmet par contact avec le sang et d’autres liquides biologiques (le sperme, les sécrétions vaginales, le lait maternel).
Si l’on n’est pas vacciné, on peut être contaminé par :
Un rapport sexuel (vaginal, anal ou buccogénital) avec une personne infectée.
Le partage ou la manipulation de seringues et de matériel d’injection ou de sniff (cuillère, coton, paille, etc.).
Le contact direct du sang d’une personne non contaminée avec le sang d’une personne infectée.
La grossesse et/ou l’accouchement (transmission du VHB d’une mère contaminée à son nouveau-né).
Le partage de rasoirs, brosses à dents, ciseaux, coupe-ongles, pinces à épiler, bijoux de piercing, boucles d’oreille, etc.
Le tatouage, l’acupuncture et le piercing réalisés sans les règles d’hygiène nécessaires (le matériel doit être à usage unique ou stérilisé à l’autoclave).
On ne peut pas être contaminé par la nourriture, l’eau, l’utilisation commune de toilette.
Dans 90 % des cas, l’organisme élimine naturellement le virus.

  • Délai d’incubation : 50 à 100 jours.
  • Signes et symptômes : Jaunisse (jaunissement de la peau et des yeux).Autres symptômes généraux, comme de la fatigue, une perte d’appétit, des douleurs aux articulations, des douleurs à l’estomac et une sensation de malaise.
  • Il existe un traitement qui permet de stopper l’évolution dans plus de 50% des cas.
  • Il existe un vaccin efficace contre le VHB. Il existe aussi un vaccin combiné contre l’hépatite B et l’hépatite A.

Pour en savoir plus, consultez les brochures sur l’hépatite B : « être hépatant N°9 », « j’ai une hépatite B chronique », etc.

Hépatite D

Les plus forts taux de prévalence sont observés en Italie, au Moyen-Orient, en Afrique et en Amérique du Sud; dans les pays méditerranéens, les infections à VHD sévissent à l’état endémique chez les personnes infectées par le VHB et la transmission du VHD est généralement favorisée par les contacts intimes; dans les régions de non-endémicité.
Ce virus n’infecte donc que les personnes déjà infectées par le VHB, soit que l’infection soit simultanée par le VHB et le VHD, soit que le VHD surinfecte une hépatite B chronique.

Le virus de l’hépatite D (VHD) touche, à l’échelle mondiale, près de 5 % des personnes présentant une infection chronique par le virus de l’hépatite B (VHB).

 

 

Comment contracte-t-on l’hépatite D ?

Le virus de l’hépatite D se transmet par l’intermédiaire du sang ou de ses dérivés et touche principalement les utilisateurs de drogues injectables et les hémophiles.

  • Signes et symptômes : Les symptômes de l’hépatite D sont identiques à ceux de l’hépatite B. Ces symptômes sont notamment les suivants : jaunisse (jaunissement de la peau et des yeux), fatigue, perte d’appétit, douleurs aux articulations, douleurs à l’estomac et malaises.
  • Il existe un traitement.

Hépatite C

L’hépatite C est une maladie relativement fréquente. À l’échelle mondiale, environ 58 millions d’individus sont porteurs chroniques de l’hépatite C. En 2019 environ 290 000 personnes sont mortes de l’hépatite C, la plupart du temps par cirrhose ou carcinome hépatocellulaire.

Selon l’OMS, les régions les plus affectées sont la Région de la Méditerranée orientale et la Région européenne, avec une prévalence de 2,3% et de 1,5% respectivement.

Environ 30% (15 à 45%) des personnes infectées se débarrassent spontanément du virus dans les 6 mois qui suivent l’infection sans recevoir aucun traitement. Pour les 70% restants (55 à 85%) des personnes infectées, l’infection évoluera vers la forme chronique de la maladie.

Parmi ces malades chroniques, le risque de cirrhose du foie est de 15 à 30% sur une période de 20 ans.

L’hépatite chronique C est une cause majeure de cirrhose et de cancer primitif du foie (carcinome hépato-cellulaire). L’évolution silencieuse de la maladie et la fréquence élevée de passage à la chronicité expliquent l’existence d’un grand réservoir de sujets infectés.

En 2016, le volet virologique « Barotest » du Baromètre santé 2016 a permis d’estimer, dans la population générale adulte (18-75 ans) vivant en France métropolitaine, la prévalence de l’ARN VHC à 0,30% ce qui correspondait à 133 466 personnes ayant une hépatite C chronique. Parmi ces personnes, 80,6% connaissaient leur infection. Nous estimons donc qu’en France, environ 26 000 personnes ignorent qu’elles sont porteuses du virus de l’hépatite C.

 

 

Comment contracte-t-on l’hépatite C ?

Le virus de l’hépatite C se transmet principalement par le contact direct avec du sang ou des produits sanguins contaminés. On a répertorié plusieurs cas d’infection par des produits sanguins avant qu’ils soient soumis à des tests pour détecter la présence du virus de l’hépatite C. Toutefois, les techniques de détection actuelles ont virtuellement éliminé le risque de transmission de l’hépatite C aux utilisateurs du système Français de collecte et de distribution de sang.
A l’heure actuelle, la principale voie de transmission du virus de l’hépatite C réside dans l’usage, par les utilisateurs de drogues injectables, de seringues et d’autres instruments contaminés ( 70% des 5000 nouveaux cas par an).
Le risque d’infection est également présent lors de l’utilisation de matériel contaminé servant au tatouage, au perçage corporel, à l’acupuncture et à l’inhalation de cocaïne par voie nasale (sniffer).
Le risque d’infection par contact sexuel (pratiques traumatiques) ou durant la grossesse reste faible (moins de 5 % plus si la mère présente une double infection hépatite C et VIH)
L’hépatite C peut aussi être propagée par le partage, avec une personne infectée, d’articles personnels comme un rasoir ou une brosse à dents.
La maladie risque aussi de faire son apparition chez les personnes qui ont reçu des transfusions sanguines avant 1992.
L’hépatite C ne se propage pas par contact occasionnel comme le fait de serrer quelqu’un dans ses bras, de l’embrasser, de baiser profond ou de lui serrer la main ou encore à cause de la proximité d’une personne qui éternue ou tousse.
Le virus n’est pas présent non plus dans les aliments ou dans l’eau.

  • Durée incubation : 15 à 45 jours.
  • Signes et symptômes : De 20 % à 30 % des personnes infectées peuvent faire de la jaunisse (jaunissement de la peau et des yeux). D’autres symptômes de nature générale (malaises, perte d’appétit, douleurs à l’estomac, urine foncée et fatigue) sont observés chez 10 % à 20 % des personnes infectées. De 70 % à 80 % des personnes infectées ne présentent aucun signe ou symptôme d’infection. De 20 % à 30 % des personnes atteintes d’hépatite C aiguë guérissent sans traitement.
  • Il existe de nouvelles molécules antivirales à action directe (AAD) qui permettent de guérir dans plus de 95 % des cas (100 % dans certaines populations). Ces nouvelles molécules dites pangénotypiques car elles sont efficaces sur tous les génotypes du virus de l’hépatite C (1, 2, 3, 4, 5, 6).
  • Il n’existe pas de vaccin.

Hépatite E

L’hépatite E est présente dans le monde entier, mais c’est en Asie orientale et en Asie du Sud qu’elle est la plus fréquente. Chaque année, on estime qu’il se produit 20 millions d’infections par le VHE dans le monde, ce qui entraîne, selon les estimations, 3,3 millions de cas symptomatiques d’hépatite E.

L’OMS estime que l’hépatite E aurait provoqué environ 44 000 décès en 2015 (soit 3,3 % de la mortalité due à l’hépatite virale).

L’hépatite E n’est pas limitée aux pays les plus pauvres du tiers monde. Elle se rencontre aussi dans les pays développés.

En dehors des épidémies, le maintien de la maladie se fait soit par l’existence continuelle de quelques cas sporadiques et une persistance très longue du virus chez certains sujets, soit par le biais d’un réservoir animal.
L’homme semble être le principal réservoir de virus et l’existence d’un réservoir animal reste à démontrer.
Les pays industrialisés constituent la zone non endémique, dans laquelle seulement quelques cas d’hépatite E sont observés et ne représentent que 0,1 à 1 % des hépatites aiguës.

Un vaccin pour prévenir l’hépatite E a été mis au point et homologué en Chine, mais il n’est pas encore disponible ailleurs.

Comment contracte-t-on l’hépatite E ?

Le virus de l’hépatite E se transmet par voie fécale-orale, ingestion d’eau contaminée (véhicule de transmission le plus fréquent).
La transmission de personne à personne semble peu fréquente; lors d’une épidémie, les cas d’infection secondaire dans l’entourage familial sont rares (possibilité de transmission par les aliments).

  • Durée incubation : 26-42 jours en moyenne.
  • Signes et symptômes : Jaunisse (jaunissement de la peau et des yeux); autres symptômes généraux, comme des malaises, une perte d’appétit, des douleurs à l’estomac et une inflammation du foie. Le VHE se retrouve dans les matières fécales à partir d’environ 1 semaine avant le début de la maladie et jusqu’à 2 semaines par la suite. Environ 90 % des enfants de moins de 10 ans infectés par le VHE qui vivent dans les régions où le virus est présent ne manifestent aucun symptôme.
  • Le VHE est une maladie que l’organisme est habituellement en mesure de combattre naturellement. Il n’existe pas de thérapie ni de restriction concernant le régime alimentaire ou les activités.

L’hépatite E est due à un virus qui se transmet par voie fécale-orale, essentiellement présent dans les pays à faible niveau d’hygiène. Cependant, depuis 2002, de plus en plus de cas sont décrits dans les pays industrialisés chez des personnes n’ayant jamais voyagé dans des pays où le virus circule activement.

En France, l’hépatite E fait l’objet d’une surveillance par le Centre national de référence (CNR) des hépatites entéro-transmissibles. Depuis 2013, grâce à une amélioration de la performance des tests de diagnostic et d’une vigilance accrue des cliniciens, environ 2000 cas symptomatiques sont répertoriés chaque année avec plus de 95% de cas autochtones.

Si le virus attaque le foie, il est aussi observé des atteintes neurologiques au cours des infections aiguës ou chroniques par le VHE dans environ 15 % des cas. Des atteintes rénales sont également décrites.

Un groupe de travail interministériel et inter-agences a eu pour objectif de rédiger un document d’information à destination des professionnels de santé pour leur permettre de conseiller au mieux leurs patients les plus à risque de développer des formes graves, et répondre à leurs questions.

Les autorités sanitaires recommandent aux patients à risque (femmes enceintes, personnes immunodéprimées, personnes présentant une hépatopathie chronique sous jacente…) de ne pas consommer, même cuits, les produits les plus à risques et dont la transmission alimentaire a été démontrée (produits à base de foie cru de porc et produits à base de sanglier ou de cerf).

Hépatite G

Également connu sous le nom de virus GB-C (VGB-C)
La proportion de personnes porteuses se situe entre 2 % et 5 %.

Le virus de l’hépatite G a été découvert en 1995. Il se transmet essentiellement par voie sanguine. Ainsi, les principales personnes touchées sont les patients transfusés et les utilisateurs de drogues injectables.

Les personnes infectées par le VHG/VGB-C sont souvent coinfectées par d’autres virus, comme le virus de l’hépatite C (VHC), le virus de l’hépatite B (VHB) et le virus de l’immunodéficience humaine (VIH).

Comment contracte-t-on l’hépatite G ?

Le virus se transmet par le sang ou les produits sanguins infectés.
Le VHG/VGB-C peut se transmettre par le partage d’articles personnels contaminés et par d’autres comportements analogues (transmission parentérale). Il peut aussi être transmis par une mère à son nouveau-né lors de l’accouchement (transmission verticale) ou par diverses activités sexuelles.

  • Signes et symptômes : Contrairement aux autres virus de l’hépatite, le VHG/VGB-C ne cause de symptômes dans pratiquement aucun cas.
  • Il n’existe pas de traitement recommandé contre l’hépatite G.