LES PATIENTS CO-INFECTES VIH-VHC… SONT DES PATIENTS COMME LES AUTRES…

Depuis 30 ans, les patients co-infectés étaient les véritables « monsieur plus » de l’hépatologie, car la co-infection donnait plus  de cirrhose, plus de forme grave, plus de passage à la chronicité, était plus rapidement progressive, et générait plus d’échec en cas de traitement par interféron et ribavirine. L’interféron agissait en stimulant les défenses immunitaires déjà mises en défaut par le VIH expliquant ainsi la perte d’efficacité des traitements à base d’interféron chez les immunodéprimés.  Mais aujourd’hui les AAD (Antiviraux à Action Directe) agissent directement sur le virus de l’hépatite C, indépendamment du système immunitaire.  

C’est ce qu’a rappelé l’équipe allemande de Buggisch au congrès de l’AASLD de 2016, à partir d’une cohorte allemande de 2056 patients, en comparant 8 à 12 semaines de traitement par sofosbuvir et ledipasvir pour des patients infectés par un génotype 1. La cohorte comprenait 237 patients co-infectés. Les résultats étaient spectaculaires ! Que les patients soient traités 8 ou 12 semaines, qu’ils soient mono ou coinfectés, on obtenait plus de 96% de guérison. Seule la cirrhose avait un impact négatif avec « seulement » 90 % de guérison nécessitant plutôt 12 semaines de traitement. L’équipe de Buggisch déclarait que les patients VIH-VHC étaient des patients comme les autres et que les traitements étaient tout aussi efficaces  que chez les malades n’ayant qu’une hépatite C.

La suite date d’il y a une semaine, au congrès d’infectiologie nommée la CROI, qui se tenait à Seattle aux USA. Des nouvelles données épidémiologiques viennent d’y être présentées. Aux pays bas (comme en France), on sait qu’il y a une épidémie d’hépatite C aigüe chez les homosexuels masculins infectés par le VIH. La même surveillance épidémiologique dénombrait 93 hépatites aigües en 2014 (incidence 11,2/1000) contre 49 en 2016 (incidence de 5,5/1000) soit une diminution de 52 %. Mais que c’est-il passé entre  2014 et 2016 ? Les nouveaux traitements par AAD ont été rendu accessibles au pays bas fin 2015 et en 15 mois l’hépatite C a pu être guérie chez 75 % des homosexuels masculin co-infectés VIH-VHC.

Pour la première fois, des données en vie réelle démontrent que les nouveaux traitements permettent de guérir plus de malades et ainsi limiter la diffusion de la maladie.

Les épidémiologistes français ont fait des projections à partir de la base de données de la cohorte francaise DatAIDS. En janvier 2016, on estimait le nombre de personnes vivant avec le VIH à 156 800 dont 7 939 étaient co-infectés VIH-VHC (soit 5,1 % ce qui est moins que les 30 % des années 2000). Le Dr Virlogeux de l’INSERM de Lyon a calculé que fin 2015 la moitié des patients co-infectés avaient été guéris. Si l’on continue de traiter 30 % des malades chaque année le taux de co-infection VIH-VHC dans la population des personnes vivant avec le VIH devrait passer de 5,1 % en 2015 à 0,55% en 2026, soit moins de 2000 personnes.  Et en doublant le nombre de traitement annuel, il ne resterait que moins de 1000 malades co-infectés.

Il nous appartient aujourd’hui, de faire de la coïnfection VIH-VHC une maladie rare.

En 2017 « tout patient co-infecté suivi régulièrement qui ne sera pas traité et guéri de son hépatite C est un malade mal-traité … ». C’est ce que  SOS Hépatites déclarait lors de son intervention au congrès du THS à Biarritz en 2015…

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