LES DÉCOUVERTES RÂTÉES

L’Histoire a souvent raté ses rendez-vous avec la science médicale, en hépatologie comme ailleurs. Pour qu’une découverte puisse se faire, il faut la découverte bien sûr mais il faut que la communauté médicale soit prête à la recevoir.

La plus belle histoire est celle des antibiotiques.

C’est ainsi que Gabriel Roux (1853-1914), bactériologiste de mérite à Lyon proposa un jour un sujet de recherche à un de ses élèves un sujet de recherche pour le moins original. Il demanda au jeune médecin militaire, Ernest Duchesne d’approfondir une constatation qu’il avait faite : il semblait y avoir un possible antagonisme entre moisissures et bactéries !

La bactérie sur laquelle tout le monde travaillait n’était autre que l’Escherichia Coli. Duchesne s’intéressa à une moisissure courante, le pénicillium Glaucum. Il constata que lorsqu’on mettait ensemble la bactérie et la moisissure c’est toujours la moisissure qui survivait en faisant disparaître la bactérie. Duchesne avait compris ! Il prit des cobayes à qui il donna du pénicillum et leur injecta des doses mortelles du bacille de la tiphoïde. Tous les cobayes survécurent et les non traités mouraient. La preuve était là, le concept d’antibiotique était démontré !

Malheureusement, la communauté médicale ignora ces travaux et il faudra attendre 50 années pour redécouvrir la pénicilline avec Fleming ! Comprenez bien, ce n’est pas du chauvinisme, juste pour dire que la découverte aurait du être revendiquée française, c’est surtout pour regretter le nombre de vies qui aurait pu être sauvées pendant la Première Guerre mondiale !

En hépatologie, les plus « vieux » hépatants se souviennent des années où le seul traitement administré était l’interféron.

Les chercheurs testaient tous les médicaments possible en association pour tenter d’améliorer l’efficacité de l’interféron. Ainsi on a essayé les médicaments du VIH ou de l’hépatite B ou même de la grippe… À cette époque, deux laboratoires pharmaceutiques s’affrontaient : Roche et Schering. Roche avait à l’époque dans son portefeuille de médicaments une vieille molécule, la ribavirine, qui avait fait ses preuves sur le VRS (resposable des bronchiolites). Grâce à un laboratoire écran, Schering racheta pour une bouchée de pain la ribavirine et son brevet ! Roche l’avait testée sur le virus de l’hépatite C mais sans succès. Schering démontra qu’en association avec l’interféron, on augmentait son efficacité (ce qu’on peut résumer par la formule 1+0 = 2). Schering se mit à développer la ribavirine avec le succès que l’on a connu et fut en situation de monopole sur le marché du traitement pendant plus de deux ans.

La progression de la médecine n’est pas une route droite. Découverte et communications sont plus que jamais liées !

Mais aujourd’hui, à côté de quoi sommes nous en train de passer ?

Pascal Mélin

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