LE SALON DE L’AGRICULTURE

Une évolution en sens opposé.

Le salon de l’agriculture 2013 vient de fermer ses portes ce dimanche 3 mars. Le scandale du moment concerne l’affaire de la viande de cheval vendue pour de la viande de bœuf et l’on évoque un défaut de traçabilité de la viande.

Pourtant, j’attire votre attention sur le fait qu’il n’y a qu’un pas entre tradition et traçabilité. En effet, avons-nous la traçabilité du sexe de l’animal ? Chez, les bovins comme chez la plupart des mammifères, les deux sexes sont répartis de façon équitable à la naissance. Il y a donc autant de vaches que de taureaux qui naissent chaque année, ces derniers devenant des bœufs après castration. Ainsi culturellement et par tradition nous mangeons de la viande dite « de bœuf » mais dans bon nombre de cas nous ingérons en fait de la vache ! Cela est certes moins vendeur et pourtant, la langue de bœuf qui arrive dans nos assiettes est régulièrement de la langue de vache. Pas grave me direz-vous, au moins nous mangeons de la viande ce qui n’est pas le cas partout sur la planète !

Passé cet aparté au sujet du dernier scandale ayant animé nos plateaux de télévision, certains articles lus dans la presse ou commentés à la radio au sujet de ce salon de l’agriculture m’ont interpelé et amené à faire certains parallèles avec notre système de santé.

En effet de nouveaux concepts ont vu le jour dans le monde agricole comme le Drive-fermier, le concept des AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) ou encore celui des Ruches.

Tous ces concepts qui prônent une consommation locale, visent à favoriser une agriculture paysanne et biologique tout en créant du lien entre agriculteurs et consommateurs.

L’agriculture en 2013 évoluant dans une réflexion de proximité permet ainsi de diminuer les intermédiaires, de favoriser le contact direct entre agriculteurs et consommateurs et d’abaisser le coût en CO2. Il semble donc qu’elle ait entamé le chemin inverse de celui de la médecine qui, malgré tous les efforts politiques, ne cesse de voir grandir les déserts médicaux, les malades devant faire de plus en plus de kilomètres pour accéder à un médecin traitant, un spécialiste ou encore tout simplement à une pharmacie.

Et c’est également ce que nous constatons tous les jours dans la prise en charge des malades atteints d’hépatites virales qui, devant la complexité des traitements ont de moins en moins accès à des centres et des équipes proches de leur lieu d’habitation et doivent parfois faire jusqu’à plusieurs centaines de kilomètres aller-retour pour se rendre dans les centres experts. Quel est alors le coût en taxe carbone d’une guérison d’hépatite C ?

Même si l’adage populaire nous répète sans cesse que « la santé n’a pas de prix », quel en est son impact écologique ? Se poser une telle question est-il vain ou encore vide de sens ?

Si l’on considère que se nourrir bien et se maintenir en bonne santé ou encore accéder au système de santé sont le vœu de la majorité d’entre-nous, il est surprenant de constater que l’évolution de deux systèmes, l’agriculture et la santé, se fait dans des sens opposés, l’un s’orientant vers des concepts de « proxivore », l’autre vers la création de centre de soins régionalisés hyper performants qui continuent paradoxalement de défendre une médecine de proximité. Il est probablement urgent de nous questionner au sujet du système de santé que nous souhaiterions pour les années à venir. Et c’est là l’essence même du concept de démocratie sanitaire.

Pour terminer, revenons au salon de l’agriculture au cours duquel les éleveurs ont longuement échangés sur les vaccins antiviraux rendus obligatoires pour les animaux traduisant ainsi leur incompréhension à ce sujet puisque ces virus ne peuvent se transmettre à l’homme.
Pourtant, nous devons actuellement faire face à une épidémie d’hépatite E. On vient de découvrir qu’en Corse des cochons sauvages et les sangliers domestiqués seraient porteurs chroniques de ce virus et que des transmissions humaines auraient eu lieu par le biais de saucissons ingérés.

Les virus évoluent, nous le savons depuis longtemps. Faire évoluer une société consumériste reste difficile mais pas impossible au vue de cette agriculture qui se mobilise pour exister. Faire évoluer notre système de santé pour l’améliorer et le conserver est l’enjeu de ces prochaines années.

Peut-être faut-il tout simplement oser entrer dans une réelle démarche de démocratie sanitaire ?

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