IL N’Y A PAS PLUS SOURD QUE CELUI QUI NE VEUT PAS ENTENDRE…

IL N’Y A PAS PLUS SOURD QUE CELUI QUI NE VEUT PAS ENTENDRE… A MOINS QUE CE SOIT LE MÉDECIN…

Je voudrais vous raconter l’histoire d’une femme de 68 ans que j’ai vu il y a quelques semaines en consultation. Nous l’appellerons Jeannine, mais ce n’est bien sûr pas son prénom réel.

Jeannine a 68 ans, elle est porteuse chronique de l’hépatite B, est obèse et atteinte de diabète depuis 10 ans. Elle vient consulter car son médecin traitant a réalisé une échographie hépatique de surveillance ce qui a permis de découvrir un nodule de 2 centimètres…

Au vu des examens et des prises de sang, il n’y a pas de doute : le cancer du foie pointe son nez ! Ce n’est pas trop étonnant car l’hépatite B ne fait pas bon ménage avec l’obésité et le diabète qui décuplent alors les risques d’évolution vers un cancer.

La consultation dure plus de 30 minutes, je lui explique pas à pas tout ce qu’on va lui faire comme examens et toutes les possibilités de traitements possibles…

Elle m’écoute et acquiesce régulièrement, j’ai l’impression que les informations sont passées et lorsque je lui demande si les choses sont claires, elle me répond qu’elle a parfaitement compris. Je l’accompagne au secrétariat où tous les rendez-vous prochains vont lui être donnés, je la salue et là elle me lache cette phrase qui m’anéantit :

« A bientôt, merci vous m’avez rassuré, je n’ai pas de cancer… »

Je retourne dans mon bureau et je m’écroule, j’ai l’impression d’être dans un mauvais sketch des nuls ou dans une émission caméra cachée. Je regarde mes notes dans le dossier et je me relis « patiente informée ce jour par moi-même de son cancer du foie , consultation d’annonce et de reformulation par une infirmière à demander. »

Il n’y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre… ou c’est peut-être moi qui ne lui ai pas expliqué correctement les choses ou bien encore l’annonce était-elle trop violente pour être reçue ? Alors que faut-il faire avec la « machine soins » qui est maintenant lancée à pleine vitesse, faut-il arrêter ce train tant que le patient n’a pas accepté sa maladie ? Et qui doit-être le pilote de ce train, le malade ou le médecin ?

Pascal Mélin

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