NOUVEAUX TRAITEMENTS DU VHC : A-T-ON LE DROIT DE LES PERDRE ?

C’est arrivé à tous les médecins et à beaucoup de malades mais, on a rarement pris le temps d’y réfléchir. Et c’est une histoire récente, qui m’a amené cette nouvelle réflexion.

Un patient particulièrement fragile, porteur d’une hépatite C a été mis sous traitement et cela, après un temps de réflexion et de discussion dans le cadre de l’UTEP (unité d’éducation thérapeutique).

Nous avions des doutes sur l’adhésion du patient à son traitement et à son projet thérapeutique. Mais nous avons décidé de lui faire confiance et de lui proposer un des derniers nouveaux traitements pour une période de deux mois.

Au bout de quatre semaines de traitement, le patient nous appelle et nous déclare avoir perdu son traitement, de plus, il n’a pas réalisé le bilan que nous lui avions demandé.

Il souhaite qu’on le « dépanne » et qu’on lui renouvelle pour quatre semaines.
Je demande donc à la pharmacie hospitalière de bien vouloir lui délivrer à nouveau, le dernier mois de traitement (nous lui avions délivré 8 semaines de traitement en une seule fois).

La réponse de la pharmacie hospitalière fut sans appel : « Pas de nouvelle délivrance du traitement ! Au prix de ces molécules, nous ne délivrons pas une deuxième fois ce traitement, ce sont des traitements qu’on ne doit pas perdre. »

J’étais d’abord choqué, puis j’ai réfléchi :

  • Un patient qui perd son traitement par insuline, on le dépanne.
  • Un patient qui perd son traitement anti-hypertenseur, on le dépanne.
  • Un patient qui perd son traitement antibiotique, on le dépanne.
  • Un patient porteur du SIDA qui perd son traitement, on le dépanne, car l’arrêt brutal risquerait d’induire des résistances.
  • Un patient qui perd sa méthadone… On le dépanne parfois, mais c’est plus compliqué.

Pourquoi un patient qui perd son traitement d’hépatite C, ne devrait-il pas être dépanné ? Le prix ?

D’accord ! Mais à partir de quel prix, on ne doit plus dépanner ? Oui au dépannage, mais la sécurité sociale n’a pas à payer une deuxième fois !

Les dépannages devraient-ils être à la charge du patient ?

Ces arguments ne tiennent pas, alors je mets cette réflexion en partage avec vous tous : « Nouveaux traitements de l’hépatite C : a-t-on le droit de les perdre ? »

Merci à tous de participer à cette réflexion, car moi, je reste choqué, mais je n’ai pas de réponse.

Pascal Mélin