HÉPATITE C AIGÜE, QUOI FAIRE ? ET SI ON DEMANDAIT AU PATIENT ?

C’est un coup de téléphone la semaine dernière, à SOS Hépatites, qui est le sujet de ce Blog.

Une infirmière se pique en faisant des soins à un porteur de l’hépatite C. Elle est donc surveillée et suivie. On découvre rapidement qu’elle a été contaminée et qu’elle est donc en hépatite C aigüe (il n’y avait que 3 % de risque de transmission).

Que croyez-vous que le médecin du travail et l’hépatologue lui aient répondu ?

« On sait que dans 30 à 40 % des cas, une hépatite C aigüe finit par guérir spontanément, en moins de six mois (temps qui définit le passage à la chronicité), alors nous n’allons pas vous mettre tout de suite sous traitement, car même si vous guérissez, le traitement serait prescrit par excès, dans 1 fois sur 3 ! Et au prix du traitement, nous allons donc attendre 6 mois… Et là, si besoin, le traitement vous permettra de guérir dans presque 100 % des cas ».

Je vous propose de reprendre l’histoire pour mieux comprendre. À l’époque révolue des traitements par Interféron Ribavirine, la réflexion était tout autre.

1/ situation A : dans 30 % des cas, la guérison était spontanée.

2/ situation B : si la maladie devenait chronique, au bout de six mois, la mise en traitement pendant 48 semaines de bithérapie Interféron-Ribavirine permettait de guérir dans 40 à 50 % des cas et ce, au prix d’important effets secondaires.

3/ situation C : le traitement par bithérapie Interféron-Ribavirine mis en place le plus rapidement possible permettait d’obtenir 80 % à 90 % de guérison, avec des traitements courts.

À cette époque, il fallait pister et débusquer les hépatites aigües, car les traitements les plus précoces étaient les plus efficaces.

Mais en 2018, les nouveaux traitements permettent d’obtenir presque 100 % de guérison, que ce soit en phase aigüe ou en phase chronique. Avec ce point de vue, la position de l’hépatologue et du médecin du travail peut être entendue, il n’y a plus de perte de chance de guérir, si on attend 6 mois.

Mais pour moi, de telles réponses en 2018 me semblent inadmissibles, pourquoi ?

D’une part, parce que personne ne s’est soucié du patient source, qui est atteint d’une hépatite C et qui pourrait être traité lui aussi et qui est peut-être, en proie à une culpabilité importante.

D’autre part, l’infirmière : même si le raisonnement médical est compréhensible, on lui demande d’attendre 6 mois, 6 mois d’angoisse et 6 mois de perturbation dans sa famille, sa vie intime, sa sexualité, et probablement aussi sa peur de transmettre.

Alors mon idée est simple : informer le patient et le laisser choisir entre traitement immédiat ou traitement différé à 6 mois. Le patient a lui aussi son mot à dire, non ?

Pascal Mélin