L’HISTOIRE FOLLE D’UNE HÉPATITE B AIGÜE…

Cette histoire s’est passée pas plus tard que ce matin à mes consultations.

Hélène, 55 ans, employée de bureau. Il y a 10 jours elle présente un tableau grippal banal avec fièvre et courbatures, mais très vite ses yeux deviennent jaunes.

Inquiète, elle va donc voir son médecin traitant, il demande des prises de sang, celles-ci indiquent une atteinte hépatique grave, et le diagnostic d’hépatite B aigüe est posé.

C’est dans ce contexte que je fis connaissance d’Hélène, jaune de la tête au pied et des transaminases à plus de 3000. Bien sûr, on a rapidement abordé la question des modes de contagion et de l’origine de sa contamination.

Et là, Hélène me raconte que c’est le compagnon qui partageait sa vie depuis 13 ans qui l’a contaminé.

Hélène avait eu 2 enfants avec son premier mari dont elle s’était séparée et avait reconstruit sa vie avec ce nouveau compagnon qui lui aussi avait un enfant d’une première union. Compagnon que nous appellerons Max, connu de ma propre consultation depuis plusieurs années.

Max était porteur chronique d’une hépatite B inactive découverte il y a 4 ans, ne nécessitant pas de traitement, simplement une surveillance, par contre, nous lui avions alors demandé à lui et à son médecin traitant de dépister et de vacciner tout son entourage. Quelques mois plus tard, Max nous rassurait en nous expliquant que tout avait été fait.

Mais aujourd’hui, Hélène était la preuve que les vaccinations de l’entourage n’avaient pas été faites, elle ignorait même jusque-là que Max était porteur d’une hépatite B.

Ce dernier n’avais jamais osé lui avouer sa maladie de peur d’être rejeté et du coup ne lui avait pas non plus parlé de vaccination.

L’hépatite B aigüe d’Hélène va mettre son couple en difficulté car la confiance est désormais brisée. Hélène a 95% de chance de guérir spontanément, mais c’est une déception et également l’incompréhension pour elle ! Comment le dire à sa famille, à ses petits enfants, comment les protéger ?

Max avait eu peur de dire les choses et sans doute de la réaction d’Hélène. Cette histoire se termine avec une nouvelle contamination mais elle apporte surtout un éclairage de réflexion.

Premièrement : Hélène et Max n’avaient pas le même médecin traitant, puisqu’on ne parle plus de médecin de famille mais de médecin traitant ou référent.

Deuxièmement : cette histoire relance pour moi le débat sur l’obligation de notification aux partenaires déjà évoqué pour le VIH et mise en place dans certains pays, mais qu’en est-il des obligations de notification pour les personnes souffrant d’hépatites virales ?

Troisièmement : l’élargissement de la vaccination contre l’hépatite B à l’ensemble de la population et son caractère obligatoire et systématique permettrait de faire disparaitre les questions un et deux.

Le troisième point est d’ailleurs le plus important, éliminant les risques sur les relations occasionnelles, ponctuelles et imprévues.

Une hépatite B aigüe est inadmissible en 2016. Et toute hépatite B aigüe est toujours le reflet d’un échec des stratégies de dépistage et de prévention.

Pascal Mélin

NASHA ET WANDA, DES PÉTITES SOEURS HÉPATANTES

Nasha et Wanda sont deux sœurs originaires de la région centrafricaine. J’ai d’abord rencontré Nasha, l’ainée.

Toutes deux, à leur arrivée en France, se sont rendues au centre de dépistage anonyme et gratuit et c’est là qu’on leur a appris qu’elles étaient porteuses du virus de l’hépatite B.

Nasha, 22 ans, fut la première à venir consulter, le bilan réalisé confirma qu’elle était bien porteuse d’une hépatite B chronique inactive.

À la question: « Mais comment l’ai-je attrapée ? » on lui expliqua les différents mode de contaminations, sexuelles bien sûr, mais aussi la transmission mère/enfant, qui était très probable puisque sa sœur aussi était infectée. Nasha, lors de la consultation m’avoua que sa jeune sœur Wanda vivait très mal sa maladie et ne voulait pas en entendre parler.

Deux mois plus tard, finalement Wanda se décida à venir. Elle réalisa son bilan qui confirma une hépatite B à la limite inférieure des recommandations de traitement, je lui proposais donc une simple surveillance avec une nouvelle évaluation dans 6 mois. C’était plutôt une bonne nouvelle mais je vis alors Wanda blêmir, ses mains tremblaient et les larmes explosaient dans ses yeux.

Elle nous expliqua alors qu’elle avait été violée par son oncle et qu’elle était persuadée que c’était lui qui l’avait contaminé. Elle n’avait jamais osé en parler, mais maintenant, elle était en France, sa mère et son oncle étaient décédés, elle voulait se débarrasser de cette trace de son passé qui la souillait.

Comprenant son désarroi, j’acceptais alors de mettre en route un traitement en demandant à la jeune fille qu’elle se fasse suivre en contrepartie par le psychologue de l’équipe à qui elle devait raconter son histoire.

Le suivi se mit en place, 2 mois après, le virus était indétectable dans son sang, je la sentis alors libérée, soulagée… Le traitement a duré plus d’un an, puis un jour elle est venue me voir à la consultation pour me dire : « On peut arrêter le traitement, je suis prête à accepter mon virus comme une partie de moi et de mon histoire quelle que soit la façon dont il est entré dans mon corps. Et puis maintenant je me sens le droit d’être une femme, d’ailleurs j’ai un copain, mais il est vacciné, ne soyez pas inquiet… »

Le traitement a été suspendu, le virus a remontré le bout de son nez dans les prises de sang mais Wanda et lui semblent s’être désormais apprivoisés. On les surveille, car avec la B on sait que la maladie peut reprendre le dessus.

Mais pour l’instant, tout se passe bien, on a compris ce qui se cachait derrière cette hépatite B et on a aidé Wanda à passer à autre chose dans sa vie…

Mais n’oublions pas que l’hépatite B et une complication possible et fréquente d’un viol et, alors que la transmission du VIH au cours d’un viol est juridiquement une circonstance aggravante, la transmission de l’hépatite B non ! Ça ne vous choque pas ? Mais c’est vrai, j’oubliais, il y a un vaccin pour la B…

Pascal Mélin

LE VACCIN CONTRE L’HÉPATITE B ENFIN DISCULPE!

Le parquet de Paris s’est finalement prononcé en faveur d’un non-lieu dans l’affaire du vaccin contre l’hépatite B.

Rappel des faits:

En 1994 une grande campagne de vaccination contre l’hépatite B est lancée mais suite à cette mise en place, plusieurs cas de sclérose en plaques sont diagnostiqués.

La chronologie avec la vaccination semblait troublante, donc ces dossiers ont été analysés et 60 plaintes déposées sur plusieurs année.

D’interminables enquêtes et contre enquêtes sont alors lancées pour étudier les rapports de cause à effets , les rapports d’experts se contredisent, et il faudra donc attendre 17 ans pour aboutir enfin à ce résultat et disculper le vaccin incriminé.

De nombreux experts ont avancé que cette maladie était mal connue et que de nombreux facteurs pouvaient être à l’origine du déclenchement de la maladie.

On a pu observer que l’incidence n’avait pas explosé, le nombre de cas n’a pas augmenté alors que 30 millions de personnes sont vaccinées aujourd’hui en France.

Les résultats des études de l’Inserm pour évaluer la sécurité des vaccins sont rassurants, font l’objet d’un consensus international et ont donc conduit les agences de santé à réhabiliter le vaccin contre l’hépatite B.

Le Parquet de Paris et l’Inserm affirment donc aujourd’hui qu’il est hors de cause.

L’association SOS Hépatites en profite pour rappeler sa position en faveur de ce vaccin et l’importance de la vaccination contre l’hépatite B.

Paradoxe franco français: Nous sommes le pays d’Europe le plus en retard pour la vaccination hépatite B et le plus en avance pour le traitement de la C.

A l’occasion de ce non lieu tant attendu nous aimerions que le ministère de la Santé Français en profite pour relancer une campagne de sensibilisation à la vaccination contre l’hépatite B mais également d’une manière plus générale en profite pour réhabiliter les vaccins recommandés par l’OMS.

Parce que ne nous faisons pas trop d’illusions, il restera une partie de la population suspicieuse concernant ce vaccin et tous les vaccins d’une manière générale.

SOS Hépatites

L’HÉPATANTE N° 2 – DÉCEMBRE 2015

ÉDITO : ET DE DEUX… NEWSLETTERS !


Notre dernière communication avant la trêve des confiseurs, comme s’il pouvait y avoir une trêve pour le foie et les virus… Surtout pendant les fêtes de fin d’année…
On va plutôt célébrer la sainte Fibrose. Mais revenons à cette année 2016, qui pointe son nez. Vous allez pouvoir prochainement découvrir notre nouvelle mascotte qui va s’immiscer et vous accompagner partout sur notre plateforme hépatante : espace destiné à vous qui allez débuter un traitement contre l’hépatite C, pour vous informer au mieux, mais aussi nous permettre de répertorier les effets secondaires que vous voudrez bien nous signaler, aide précieuse dans notre rôle de vigilance.

En attendant, voici les dernières nouvelles hépatantes de cette fin d’année exceptionnellement en format PDF, à cause d’un grand nombre d’actualités, vous retrouverez le format habituel dès janvier.

Bonne lecture, parlez-en autour de vous, l’inscription à cette lettre est gratuite, et bonnes fêtes de fin d’année à tous…

Pascal Mélin, Président de SOS hépatites fédération

 

RETROUVEZ L’HEPATANTE DU MOIS DE DÉCEMBRE ICI

INSCRIVEZ-VOUS À NOTRE LETTRE MENSUELLE

COMMUNIQUÉ DE PRESSE – 2 JUIN 2015 : JOURNÉE NATIONALE HÉPATITES 2015. MOBILISATION DES MALADES.

Communiqué de Presse-01 Juin 2015

 

02 juin 2015 : Journée Nationale de lutte contre les Hépatites virales

Mobilisation des malades

 

A l’occasion de la Journée Nationale de lutte contre les Hépatites virales,  SOS Hépatites rappelle les principaux défis pour mener une lutte efficace contre les virus des hépatites B (VHB) et C (VHC), enjeux majeurs de santé publique en métropole et dans les départements d’Outre-Mer.

Hépatites virales B et C- : l’ignorance persiste

Ces maladies sont autant silencieuses dans le corps des malades que dans les têtes des gens qui les entourent ! La méconnaissance de ces pathologies, des modes de prévention et de transmission perdure. Ces deux virus transmis par du sang contaminé, (le VHB est également transmis par voie sexuelle) sont 10 à 100 fois plus transmissibles que le VIH. 280 000 personnes sont porteuses du VHB et 370 000 du VHC cependant environ 50 % d’entre elles l’ignorent. Leurs conséquences (cirrhose et cancer du foie) provoquent 4 000 à 5000 décès par an.

Hépatite B : pour la fin d’un scandale pour la fin de l’épidémie?

L’hépatite B est la maladie sexuellement transmissible la plus courante au monde. Nous détenons l’ensemble des outils pour mettre un terme à la propagation de l’épidémie : des outils de dépistage variés, un vaccin efficace, des traitements qui ne permettent pas encore de guérir mais qui stoppent la progression de la maladie. Pourtant des freins majeurs persistent bien que 13 études aient montré qu’il n’existait aucune relation entre le vaccin et les maladies neurologiques et notamment la sclérose en plaque. La vaccination est l’un des grands succès de santé publique qui a sauvé des millions de vie. Finissons-en avec cette polémique purement française.

Nous demandons le déploiement d’une vaccination universelle comme recommandée par l’OMS et comme appliquée en Italie et au Canada.

Hépatite C- Le rationnement pose des questions éthiques majeures

Il n’existe actuellement aucun vaccin contre l’hépatite C mais de nouveaux traitements permettent désormais d’éliminer le virus chez la quasi-totalité des malades. Les prix des traitements exigés par les laboratoires ont conduit le gouvernement à réserver ces traitements aux personnes à un stade avancé de la maladie et à encadrer strictement les prescriptions. Les malades doivent désormais attendre que l’état de leur foie et de leur santé se dégradent pour avoir accès aux traitements.

Nous demandons la fin de cette discrimination en ouvrant l’accès aux soins à tous les malades.

 

Notre rôle de patient expert est reconnu… jusqu’à la porte des Réunion de Concertation Pluridisciplinaire (RCP)

Nous demandons l’autorisation d’accéder aux RCP-devenues obligatoires pour prescrire ces nouveaux traitements-pour effectuer notre mission de représentation des malades, en application directe des principes de démocratie sanitaire hautement portés par nos autorités.

Nous demandons à l’état français de se mobiliser pour une vraie politique de santé publique sur tout le territoire national, un engagement avec des moyens à la hauteur de l’épidémie, un accès aux soins de qualité pour tous et la garantie du secret médical. Actuellement entre 41 000 et 66 000 euros sont investis pour le traitement d’un patient (46 000 à 75 000 euros dans les départements d’Outre-Mer) contre 200€ seulement pour tout son accompagnement dans le soin, pour l’organisation des soins et de la prévention. Nous demandons un investissement financier pour une véritable organisation de la prévention et des soins à la hauteur de l’enjeu de santé publique et des besoins des professionnels.

Un traitement pour tous, une guérison pour chacun et une protection universelle!

Contacts Presse

Pascal MELIN, Président de SOS Hépatites Fédération                                                    07 85 62 91 69

Frédéric CHAFFRAIX, Vice-Président de SOS Hépatites Fédération                               06 62 80 53 74

Stéphane RENAERT, Vice-Président de SOS Fédération en charge des DROM-COM   06 90 54 14 22

EN DIRECT DE BOSTON : HEPATITE B LE TRAITEMENT PAR ENTECAVIR POURRAIT REDUIRE LE RISQUE DE CANCER DU FOIE…

 L’hépatite B est un problème majeur de santé publique à Taiwan et elle est responsable de nombreux cancer du foie .Ce sont 24 centres taiwannais qui ont associés leur efforts depuis 1983 dans le cadre de l’étude C-TEAM (Cirrhosis Taiwanese Entecavir Multicenter.) pour prouver et surveiller l’intérêt de l’entécavir en cas de cirrhose virale B
503 patients porteurs d’une cirrhose virale B ont été surveillés comme groupe témoins
1123 cirrhotique porteur d’hepatite B ont bénéficié d’un traitement par entécavir

La surveillance de tous ces patients a montré que l’entécavir réduisait de 60% le risque de survenue d’un cancer. De plus il réduisait de façon significative les épisodes d’infection du liquide d’ascite. Voilà une étude menée sur 31 ans et portant sur plus de 1000 personnes, bref une étude comme seul les asiatiques sont capables de la faire dans l’hépatite B (vu l’importance de l’épidémie dans leur pays). La preuve est là, il n’est jamais trop tard dans l’hépatite B pour prendre un traitement car cela permet toujours de diminuer le risque de cancer du foie.
De tels résultats nous rappellent que se faire vacciner contre l’hépatite B c’est pouvoir se protéger d’un cancer. Contrairement a ce qu’a déclaré il y a quelque temps notre président de la république les vaccins contre le papillomavirus ne sont pas les premiers vaccins de l’histoire permettant d’éviter un cancer ! Il y avait depuis longtemps le vaccin contre l’hépatite B.
Pascal Mélin

 

L’HÉPATITE B : NOUVELLE PRIORITÉ DE L’ANRS

Le virus de l’hépatite B représente un problème majeur de santé publique avec 250 millions de porteurs chroniques de ce virus dans le monde et 300.000 en France. C’est pourquoi, l’ANRS, agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites (France Recherche Nord&Sud Sida-hiv Hépatites), a décidé d’en faire une des priorités de l’agence et met en place l’action coordonnée: « HBV Cure » dans le but de relever le défi d’une guérison virologique de l’hépatite B.
« HBV Cure » a pour objectif de promouvoir et d’animer la recherche fondamentale, translationnelle et clinique sur le virus de l’hépatite B.

Pour plus d’informations à ce sujet, vous pouvez  consulter le lien ci-dessous, sur lequel vous trouvez également des informations sut l’état des connaissances en recherche fondamentale et translationnelle en ce qui concerne l’hépatite B:
http://www.anrs.fr/Hepatites-virales-B-et-C/Recherche-fondamentale/Actualites/Une-nouvelle-priorite-a-l-ANRS-HBV-Cure

ET MAINTENANT LE GARDASIL…

Ils sont devenus fous! Après l’hépatite B, voilà maintenant que l’on s’en prend au vaccin contre le papillomavirus et le gardasil de chez Sanofi pasteur.

Hier, la presse c’est jeté sur l’affaire dramatique de cette jeune femme qui, après sa vaccination, a présenté des troubles neurologiques de type inflammatoire qui pourraient évoquer une sclérose en plaque. Dans la foulée, deux autres plaintes ont été déposé. Mais les deux événements sont-ils en lien ?

Le principe de causalité en médecine est difficile à prouver. A quel moment un évènement A pourrait-il provoquer un évènement B ? La réponse est : Quand dans deux populations identiques, la comparaison entre le non-événement A et l’évènement A provoque des taux d’évènements B significativement différents. Et là, cela devient délicat, comme pour l’hépatite B! Le suivi d’une population pendant un temps donné permettra de découvrir, vaccination ou non, le même nombre de nouveaux cas de sclérose en plaque. Voilà pour la dynamique de groupe.
Cependant, à l’échelon individuel, cela est plus difficile. Si l’on vous répond : « le vaccin est responsable mais pas coupable (tiens je l’ai déjà entendu celle-là !), cela vous serait arrivé de toute façon », ce discours n’est pas entendable…

Plusieurs points sont donc à mettre en lumière :
Premièrement, la probité du laboratoire Sanofi pasteur qui, fort de l’expérience du vaccin contre l’hépatite B, avait durant ces phases de tests et de lancement, vérifié l’innocuité du gardasil. De plus, afin d’être transparents, ils ont avoué avoir 150 de signalement de pharmacovigilance mais sans dossier de causalité évident.
Deuxièmement, tout vaccin amène forcément une modification immunitaire ; c’est d’ailleurs son rôle. Tous les vaccins peuvent donc être incriminés dans des processus de révélations de maladies auto-immunes ou inflammatoires. C’est pour cela que le vaccin reste un acte médical qui doit être réalisé en dehors de périodes infectieuses et après analyse du rapport bénéfice/risque, dans le cadre d une consultation médicale.
Troisièmement, nous oublions trop souvent que le principe de vaccination est un acte collectif pour un bénéfice collectif et non en premier lieu une protection individuelle. Au cours du dernier siècle, les vaccins ont sauvé plus de vie que tout autre invention médicale même les antibiotiques. D’où l’adage : mieux vaut prévenir que guérir !
Nous nous félicitions de la reprise de la vaccination contre l’hépatite B chez les nourrissons mais voici encore une nouvelle mise en cause surmédiatisée et probablement pas de façon équitable. Mais, le principe de protection collective pour nous en France est le suivant : Le papillomavirus est très répendu, c’est probablement l’infection sexuellement transmissible la plus courante. On sait aujourd’hui que ce virus est très souvent retrouvé dans les cancers ORL et dans les cancers du rectum. Ce qui a amené des pays comme le canada à entreprendre une vaccination systématique des garçons et des filles adolescents, avant leurs premiers rapports sexuels.

En France, timidement, nous n’avons que conseiller aux filles de se faire vacciner avec l’accord des parents avant leurs sexualités. Plusieurs centaines de femmes meurent chaque année d’un cancer du col de l’utérus ou de l’utérus, dû initialement au papillomavirus… Toutes les études de projection montrent que si les jeunes filles se vaccinaient à plus de 90 % et que toutes les femmes bénéficiaient régulièrement d’un frottis de dépistage en moins de 10 ans, il n y aurait plus de morts liées à ce cancer. Pourquoi refuser un vaccin qui protège d’un cancer ?

Ils sont devenus fous, mais à SOS hépatites, on a l’habitude et on garde l’asile …

Pascal Mélin

NOUS APPRENONS DE NOS ERREURS…

Les faibles moyens de notre micro projet TROD et vaccination hépatite B à Madagascar nous ont amené à induire des difficultés de compréhension et de représentation.
En effet, pour être le plus efficient possible, nous avions choisi de vacciner les filles de 6ème, 5ème et 4ème du collège 67 hectares pour permettre la protection d’une adolescente avant son entrée en sexualité, mais aussi pour protéger les enfants qu’elles porteraient dans quelques années.
Mais voilà, ce point de vue risque d’être contre productif. Après avoir échangé avec les représentants locaux, ils nous ont raconté l’histoire suivante :
La difficulté de faire appliquer une vaccination obligatoire et générale à Madagascar est telle, que le tétanos néo-natal existe encore par manque de protection des mères et par des conditions d’hygiène parfois insuffisantes. Pour réduire ce risque, le rappel systématique et la vaccination au cours de la grossesse contre le tétanos ont été rendus obligatoire. Oui mais voila, qu’en a compris la population ? Les hommes ne se vaccinent plus contre le tétanos, croyant que la transmission ne se fait que par les femmes ! Quelle erreur !
Au vue de cette histoire, il était licite de s’inquiéter de l’interprétation que notre projet allait engendrer. Ne croirait-on pas que nous vaccinions les femmes uniquement parce que se sont elles qui sont contagieuses et pourvoyeuses d’infection et de transmission ?
Nous nous sommes empressés de répéter, d’expliquer, d’insister, mais le risque est là et nous devons être vigilant à ne pas induire de croyances contre-productives… C’est promis, nous y réfléchirons au débriefing de cette action. Si c’était à refaire, probablement que nous vaccinerions moins de classes mais en vaccinant garçons et filles, nous avons voulu trop bien faire.

Le mieux est l’ennemi du bien et BIEN s’écrit avec un B…

Pascal Mélin

MON CHER CONFRÈRE, VOUS M’AVEZ MIS EN COLERE…

Monsieur et cher confrère, vous ne me connaissez pas, nous n’avons jamais été présentés et pourtant votre comportement m’a mis en colère.

Votre fille est scolarisée au collège 67 hectares d’Antananarivo… Vous avez donc été informé, comme tous les parents, qu’Amsolid et SOS Hépatites mettaient en place un projet visant à dépister et vacciner les jeunes filles contre l’hépatite B. Les enfants ont été informés de ce programme. Ils ont reçu des cours et des informations dans ce sens et tous les parents ont donc dû signer une autorisation de réalisation de TROD et de vaccination. Malheureusement, vous avez cru bon de ne pas signer cette autorisation et de plus vous avez contacté la directrice du collège pour lui dire : « Madame, en tant que médecin malgache je sais que le vaccin contre l’hépatite B est dangereux et à ce titre l’Etat français a suspendu son utilisation, je m’oppose donc à la vaccination de ma fille ».

Monsieur et cher confrère, sachez que seule la France il y a 20 ans a émis un doute sur l’innocuité du vaccin contre l’hépatite B en avançant le principe de précaution à l’époque.

En France, l’épidémie d’hépatite B ne touche que 0,3% de la population. À ce jour, les différentes études indépendantes ont prouvé qu’il n’y avait aucun risque avec le vaccin contre l’hépatite B. Et depuis, la vaccination a repris avec l’arrivée du vaccin hexavalent. Permettez-moi de vous dire que dans un pays comme Madagascar où plus de 8% de la population est infectée, il est alors absurde et dangereux de prendre le risque de la contamination pour votre fille en refusant de la vacciner.

Seuls 25 % des parents des filles concernées auront au final refusé le dépistage et la vaccination. J’ai demandé aux représentants d’Amsolid sud, aux représentants des associations de parents d’élèves et aux enseignants de tenter d’analyser ces refus ? S’agissait-il d’un manque d’informations ? De la peur d’être sollicité financièrement, ou bien encore de la peur de savoir ?

En tout cas, monsieur et cher confrère, des positions médicales comme la votre sont dangereuse à Madagascar. Mais ce qui me console, c’est que si par malheur votre fille était contaminée, vous faites partie de l’élite sociale qui aura les moyens de traiter son enfant ; ce qui est loin d être le cas des autres collégiens que nous avons rencontrés.

Je suis en colère contre vous, et je suis en colère contre la France. Quand je constate que 20 années se sont écoulées depuis la suspicion non fondée et très franco-française contre le vaccin, pour autant celle-ci s’est répandue bien au-delà de nos frontières. N’est-ce pas là un néocolonialisme sanitaire négatif qu’il faut combattre ? La pire des épidémies et la plus transmissible est celle des idées reçues.

Pascal Mélin

NOUS RESTERONS ENRAGÉS CONTRE LES HÉPATITES…

Madagascar compte parmi les pays où le paludisme sévit de façon chronique… Mais ce n’est pas la seule maladie à laquelle la population doit faire face, puisque le choléra ou la peste sont toujours des maladies chroniques sur l’île.

Mais le saviez-vous ? La rage est également une maladie chronique à Madagascar, et les chiens errants trop nombreux.

Madagascar étant une ancienne colonie française, elle a accueilli l’un des premiers instituts Pasteur dans le monde. À ce jour, la rage est toujours une priorité de santé nationale. Il existe dans chaque région sanitaire des centres anti rabiques avec présence de vaccins et de personnels médicaux formés. Ce réseau national est pris en charge par l’Etat malgache, avec une bonne couverture permettant de contrôler les cas de rage humaine.

Ce résultat spectaculaire est probablement dû à la collaboration nationale entre l’Etat et l’institut Pasteur. Nous aussi pour mener à bien notre mission de dépistage et de vaccination, nous avons demandé le soutien de l’institut Pasteur de Madagascar et du laboratoire Sanofi. Ces derniers nous ont permis d’acheter des vaccins à prix réduit puis d’en assurer la conservation et l’acheminement mais également la mise à disposition du Docteur Rami médecin vaccinologue, qui s’est largement investi et que nous remercions.


C’est d’ailleurs le docteur Rami qui, avec l’équipe d’Amsolid sud suivra ce projet, en permettant la réalisation des deuxième et troisième vaccinations contre l’hépatite B.

La santé publique d’un pays comme Madagascar, avec les problèmes sanitaires qu’on lui connait, ne peut se permettre de choix hasardeux ou d’opportunité sanitaire. Ici, plus qu’ailleurs, il est nécessaire d’avoir des décisions politiques claires, cohérentes, arbitrées et justifiées. Pour illustrer mes propos je voudrais prendre deux exemples: l’un passé et l’autre présent.
Il y a plusieurs années, le ministère de la santé malgache avait reçu un lot de 1000 vaccins contre l’hépatite B, que croyez-vous qu’il advint ? Mille personnes ont reçu la première injection mais pas les suivantes ! N’aurait-il pas mieux valu vacciner 333 personnes correctement ? Aujourd’hui quelle est la stratégie contre l’hépatite B, le choléra ou la peste ? Nous avons dès le premier jour de notre action rencontré le médecin du ministère, responsable de la lutte contre les hépatites virales. Mais elle n’a pas souhaité s’exprimer… Il est vrai qu’ici, nous sommes entre les deux tours des élections présidentielles, c’était peut-être un droit de réserve ?
Au présent maintenant. Pendant que nous étions dans notre action, nous avons appris que dans le nord de l’île, 9000 adolescentes allaient recevoir à titre expérimental le vaccin contre le papillomavirus. Cette vaccination devrait permettre la réduction du nombre de cas de cancer du col de l’utérus dans les années à venir pour les élèves vaccinées. Stratégie ou opportunité sanitaire ? Il me semble que l’hépatite B génère plus de cancer que le papillomavirus ? Alors ne nous trompons pas de cible. Ce n’est pas l’un ou l’autre vaccin qu’il faut, c’est bien sur les deux mais dans une cohérence de développement durable et de protection.

Nous resterons enragées contre l’hépatite B, car Pasteur nous a montré depuis plus d’un siècle à travers le développement de ses instituts que « lorsqu’il y a une volonté, il y a un chemin » nous le trouverons …

Pascal Mélin

LE TAM TAM AU SECOURS DES TRODS

Dans le cadre du projet vaccination à Madagascar, SOS hépatites avait demandé à ce que des tests rapides d’orientation diagnostique pour dépister les enfants déjà porteur de l’hépatite B soient effectués. Le but de cette action était de vacciner des enfants et de les protéger avant l’entrée en sexualité mais également d’évaluer le nombre d’enfants contaminés par une probable transmission mère –enfant. En effet les enfants chez qui l’on retrouve un portage chronique de l’hépatite B avant 14 ans sont habituellement contaminés lors de leur naissance par une transmission de la mère à l’enfant qui devient alors chronique dans plus de 90 % des cas.

Nous voulions donc dépister les enfants avant de les vacciner car dans les enquêtes épidémiologiques faites à Madagascar, on retrouvait entre 3 et 20 % des enfants contaminés par leur mère. Vacciner ne sert alors à rien et peut même induire l’idée que l’on est protégé alors qu’on est porteur et donc contagieux.

Le slogan est simple : « se dépister pour mieux se protéger »

Nous attaquions donc notre mission avec des TRODs de dépistage du portage de l’Ag Hbs. Mais très vite, nous nous retrouvions confrontés au fait que chez les enfants malgaches, le prélèvement sanguin capillaire et très difficile et ce d’autant qu’il faut récupérer 3 gouttes de sang. Mais c’était sans compter sur l’inventivité des militants.

Il suffit de demander aux enfants de chanter en frappant dans les mains puis de faire du tam-tam avec les doigts sur la table de prélèvement des TROD. Et ca marche !

Voilà une façon de réfléchir nouvelle … Applaudissez, vous allez être trodé. Tiens ! Bien venu à ce nouveau verbe TRODER. A soumettre à l’Académie Française.

Pascal Mélin