SPÉCIAL « SEMAINE DE LA VACCINATION » : MARDI

VACCINATION NOURRISSONS

Une bonne raison de se vacciner ? Une bonne raison de se faire vacciner lorsqu’on est nourrisson ? La réponse nous est apportée par les immunologistes. En effet, c’est chez le jeune enfant que les bénéfices immunitaires sont les meilleurs et les plus durables. Car à partir de 25 ans notre immunité baisse inexorablement pour être immunologiquement considéré comme un vieillard à partir de 35 ans. Le vaccin contre l’hépatite B n’est pas obligatoire mais recommandé. Contrairement aux autres vaccins qui concernent des maladies que l’on peut attraper à tout âge, il est parfois difficile de prendre la décision de vacciner son bébé alors que les principaux facteurs de contamination se situent au-delà de l’adolescence, mais comme une de nos affiches le rappelait « Le B.A-BA c’est de vacciner bébé contre l’hépatite B ».
Une bonne raison de se dépister ? Lorsque l’on est une maman enceinte la plupart des pays développés rend obligatoire le dépistage de l’hépatite B en cours de grossesse. Pourquoi ? Parce que la transmission au bébé se fait presque dans 90% des cas avec un passage très important à la chronicité. Mais surtout il existe, si la future maman est porteuse de l’hépatite B, des traitements à mettre en place pour éviter la contamination des nouveau-nés et qui sont alors très efficaces. Plus de 10% des femmes enceintes chaque année sur la terre sont porteuse chronique de l’hépatite B. C’est pourquoi SOS Hépatites réclame d’urgence le développement des TROD VHB (test rapide d’orientation diagnostique de l’hépatite B) et son accessibilité dans tous les lieux de suivis de grossesse ou d’accouchement au monde. UNE VACCINATION UNIVERSELLE POUR UN DEPISTAGE MONDIAL. Parce qu’en 2016 il est inacceptable de naître et de commencer sa vie par une contamination !

Pascal Mélin


L’hépatite B en quelques chiffres :
image004– 2 milliards de personnes dans le monde environ sont infectées par le virus de l’hépatite B ;
– plus de 360 millions de personnes sont porteurs d’une hépatite chronique, pouvant ainsi transmettre le virus ;
– 600 000 personnes environ meurent chaque année des suites d’une hépatite B ;
– l’hépatite B est une infection extrêmement contagieuse : le virus de l’hépatite B est environ 5 à 100 fois plus contagieux que le VIH ;
– environ 5% des personnes atteintes par l’hépatite B souffrent d’hépatite chronique : une sur cinq contractera une cirrhose du foie ;
– l’hépatite B touche environ 300 000 personnes en France ;
– le risque de décès suite à une cirrhose du foie ou d’un cancer du foie est élevé chez les porteurs chroniques de l’hépatite B : il est d’environ un cas sur 4 chez les adultes porteurs chroniques depuis leur enfance ;
– 8% à 15% de la population de la majorité des pays en développement comme l’Afrique sub-saharienne sont porteurs chroniques de l’hépatite (Sources Institut Pasteur).

EASL : JOUR 1

Post graduate / cancer du foie

 

Ce mercredi 13 avril était donc consacré à la formation continue et cette année le thème retenu était celui du cancer du foie. Pas moins de 18 médecins dont 3 français vont se succéder pendant deux jours pour couvrir le sujet. Commençons par l’épidemiologie. Le CHC (Carcinome Hépatocellulaire) représente 90 % des cancers du foie mais il y a aussi le CC ou cholangiocarcinome (cancer des voies biliaires) les hepatoblastome, les sarcomes. De 1990 à 2013, le nombre d’années de vie perdues au monde par le CHC a augmenté de 42,2 % pour les deux sexes et le CHC est passé de la troisième à la deuxième position. Les données épidémiologiques sont très disparates et ne sont pas toujours accessibles dans tous les pays. Dans beaucoup de pays la surveillance est difficile et l’on compte comme cancer du foie, des lésions métastatiques d’un autre cancer . De même, les cholangiocarcomes intra ou extra hépatiques ne sont pas à considérer comme de véritables cancers du foie même s’ ils représentent 3 % des tumeurs digestives et qu’ils restent la deuxième cause de cancer du foie. Les facteurs de risque sont différents et pour les CC extra ou intra hépatiques, les possibilités et les stratégies de prise en charge sont différentes . Les facteurs de risque pour le CHC sont : Facteur dépendant de l’hôte : cirrhose/diabète obésité/ prédisposition génétique Facteur dépendant de l’environnement : Hépatite B / Hépatite C / Aflatoxine / alcool/ tabac

Incidence et mortalité du cancer du foie :

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En 2013, on estimait à travers le monde le nombre de décès imputables au cancer du foie à 559 000 pour les hommes et 233 000 pour les femmes . Le cancer du foie est la deuxième cause de décès par cancer chez l’homme et la cinquième chez les femmes dans le monde . Il y a bien sur d’importantes disparités selon que les pays soient développés ou pas. Mais l’incidence est toujours supérieure chez l’homme que chez la femme. Cela s’explique par des expositions différentes aux facteurs de risque et aussi à l’influence des hormones sexuelles . Dans les pays en voie de développement l’incidence du cancer du foie et sa mortalité est de deux fois supérieure aux autres pays . On note pourtant une plus forte proportion de consommation d’alcool et d’obésité dans les pays développés, mais la vaccination contre l’hépatite B et le dépistage systématique de tous les donneurs de sang plus répandus a permis d’obtenir cette baisse .

Analyse par pays :

Nouveaux cas de cancer du foie pour 100 000 hommes :

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Nouveaux cas de cancer du foie pour 100 000 femmes :

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Les USA ont longtemps été un pays à faible incidence du cancer du foie mais passent aujourd’hui de 1,51 de cas par an pour 100 000 habitants en 1973, à 6,2 en 2011, soit une multiplication par 4. Cette augmentation est due pour 30% à l’alcool, pour 30% à l’obésité et au syndrome métabolique, pour 20% à l’hépatite C et pour 10% à l’hépatite B. Dans le même temps l’espérance de vie avec un cancer du foie est passée de 2 à 8 mois grâce à un dépistage plus précoce et à une amélioration des traitements en pensant particulièrement à la transplantation. Un registre de 4929 cancers du foie survenus entre 2004 et 2009 a démontré que la cause principale était le VHC dans 54,9% des cas, puis de l’alcool dans 16,4% , de la NASH dans 14,1% des cas et de l’hépatite B dans 9,5%. Mais la responsabilité de l’hépatite C et de la NASH a été multiplié par plus de 4 .

En Europe, la mortalité par cancer du foie entre 2000 et 2010 a baissé en Italie, en France, en Espagne, en Grèce, en Hongrie, en République Balte. Par contre, il augmentait en Grande Bretagne, en Allemagne, en Europe du Nord, au Portugal , en Irlande, en Slovénie, en Croatie, en Roumanie et en Pologne.

Les pays qui ont vu l’ incidence et la mortalité du cancer du foie diminuer ont accentué les campagnes de dépistages et d’accés aux soins concernant l’hépatite C et l’alcool, ce qui explique ces différences .

Pays Arabes : entre 1990 et 2010 le nombre de décès liés à un cancer du foie a doublé et ce, principalement à cause des virus de l’hépatite B et C. Chine: de 1990 a 2013, la Chine a connu une croissance économique exceptionnelle. En 2013, on enregistrait 358 111 décès dus à des cancers du foie, soit 34,5 % de plus qu’en 1990. C’est bien sûr l’hépatite B qui est au devant de la scène.

La Chine reste un grand réservoir de maladie hépatique. L’Inde: C’est le deuxième réservoir de cancer du foie après la Chine. Réflexion: l’amélioration des soins, les campagnes de vaccination ont été contre balancées par l’épidemie d’obésité et la consommation d’alcool. L’épidémie de CHC n’a pas la même cause dans les pays développés et les pays en voie de developpement. Des programmes adaptés à chaque pays doivent être proposés…

Mieux comprendre pour mieux prendre soin

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Cancer du foie, suite ….

Mécanisme de l’oncogenèse, l’inflammation, mutation génétique, autre ? Présenté par l’Allemand Tom Ludde, cette question est fondamentale pour comprendre les mécanismes d’apparition d’une tumeur. On connait depuis longtemps les causes possible des tumeurs hépatiques . On connait le risque dans la population d’avoir spontanément un cancer du foie mais lorsqu’on les compare aux personnes porteuses d’une hépatopathie, ce risque se multiple.

Les cellules hépatiques sont capables de se régénerer mais parfois ces capacités de régénérescence sont dépassées, ce qui génère des morts cellulaires et une inflammation chronique qui peut faire le lit du cancer comme « une plaie qui ne peut pas guérir ». Le plus souvent le cancer est précédé d une cirrhose mais ce n’est pas toujours le cas .

Par exemple le code génétique du virus de l’hépatite B en s’intégrant dans le génome humain provoque des mutations chromosomiques et des activations d’oncogéne. On a également retrouvé des séquences génétiques de virus comme l’adénovirus associé de type 2 que l’on retrouve fréquemment dans le matériel génétique des tumeurs . Le facteur de risque de voir apparaitre un cancer du foie est directement lié a la fibrose . Mais les grandes études de cohorte comme REVEAL-HBV pour les Asiatiques et REACH-B pour les Caucasienson ont montré de grandes variations individuelles, ce qui a abouti a travailler sur l’élaboration de score prédictif …

Cela a pu aboutir au développement du score PAGE –B qui permet d’évaluer le risque prédictif de survenue d’un cancer du foie pour les populations caucasiennes porteuses d’hépatite B . de la même façon un score a pu être établi pour l’hépatite C ; mais l’avenir est probablement à l’évaluation génétique des cirrhoses , ainsi on a pu identifier 186 gènes impliqués dans la survenue de cancer. Ainsi dans le futur, on pourrait imaginer que les biopsies de patients porteurs de cirrhose permettraient une évaluation génétique à la carte pour adapter et renforcer les stratégies de surveillance .

Et oui il y a peut être encore un avenir a la biopsie. C’est le Dr Llovet de l’Hôpital de Barcelone qui a proposé de pousser plus loin la réflexion. Jusqu’à maintenant, ce sont sur des critères d’imagerie médicale que l’on suspecte un CHC et c’est l’examen d’une biopsie au microscope (anatomopathologie) qui permet de le confirmer. Mais pour les patients non cirrhotiques, il est difficile de faire la différence entre un petit nodule correspondant à un stade précoce de cancer et des nodules correspondants à une dysplasie de haut grade.

Trois marqueurs immuno-histochimique que sont le Glypican 3, l’HSP70 et la glutamine synthétase permettent de faire la différence avec une sensibilité de 46 a 72% et une spécificité de 100 %. Si on les combine à la présence du gène LYVE 1 on améliore encore ces scores. Depuis 10 ans, les progrès génétiques permettent de mieux repérer les patients à haut risque de cancer du foie , il reste maintenant à les utiliser en pratique quotidienne et à accepter ces bio-marqueurs comme critères de modifications de nos stratégies thérapeutiques .

CANCER DU FOIE ET SYNDROME MAIN-PIED…

Le nombre de cancers du foie explose actuellement en France.

De nouvelles stratégies thérapeutiques voient le jour. Mais malheureusement, dans plus de 50% des cas, le diagnostic est posé trop tard ne permettant pas une réelle prise en charge thérapeutique mais seulement un accompagnement palliatif.

Le Nexavar est indiqué dans ces cas pour ralentir la progression de la tumeur. Pour grossir, une tumeur doit augmenter ses apports sanguins par les vaisseaux qui la nourrissent. Le rôle des médicaments de la famille des anti-angiogéniques, comme le Nexavar, est de bloquer la multiplication des vaisseaux. Par son action, il ralentit alors la progression de la tumeur. Mais il n’est pas dénué d’effets secondaires, dont le principal répertorié est le syndrome main-pied amenant des rougeurs et des douleurs au niveau des pieds et des mains.

Ces derniers sont si invalidants que des malades arrêtent leur traitement.

Le progrès c’est de découvrir des médicaments aussi efficaces mais mieux supportés, c’est en cours…

À SOS Hépatites, nous encourageons la diffusion des trucs et astuces qui permettent d’améliorer le quotidien des malades, c’est souvent une aide précieuse pour ces personnes qui souffrent.

Ainsi, je voudrais rendre hommage à la société MCCB établie à Romilly-sur-Seine, qui après avoir travaillé sur les escarres et les problèmes articulaires a fait des recherches pendant 5 ans pour déposer son nouveau concept « podosolution ».

Le concept podosolution allie des chaussettes ou des mitaines avec une plaque de polymère qui jouera un rôle de coussin de protection en assurant la diffusion lente d’huile contenue dans le polymère. Cette nouvelle approche en fait un outil thérapeutique supplémentaire pour la prise en charge et l’accompagnement des personnes souffrant de cancer du foie.

Un bon coup de main pour lutter contre le syndrome main-pied !

Pascal Mélin

Pour en savoir pluswww.podosolution.fr