FESTIVAL DE BLOUSES

Retourner sa veste, une drôle d’expression, non ? Elle nous vient de Charles-Emmanuelle de Savoie, qui voulait à la fois devenir roi d’Espagne et de France. Il portait une casaque réversible aux couleurs de chacun des deux pays. Il pouvait ainsi changer d’avis…

Le médecin ne se croit pas malade, mais il est un malade qui peut retourner sa veste.

Dans un hôpital, quel est le point commun entre un malade et un médecin ? Bravo, c’est la blouse !

La blouse dans un hôpital, c’est un code social, les galons d’une armée sanitaire : infirmière, aide-soignante, médecin ; blouse à manches ou non ; code couleur spécifique ; extrémités roses, bleues ou blanches.

Mais, les médecins ont un privilège ! Ils peuvent porter la blouse négligemment ouverte. Le stéthoscope autour du cou à la mode des internes des hôpitaux de Paris. La blouse ouverte en signe d’ouverture, de disponibilité, de rencontre de l’autre.

Les infirmières ou les aides-soignantes ont une blouse fermée sur la face avant. Les psychologues de comptoir pourraient dire que c’est là une mesure de protection de conservation d’un univers de bonne santé face à un univers de maladie.

Et le malade lui ? Il a aussi une blouse à moins qu’il ait une Blues (musique) ! Mais pour qu’on ne les confonde pas, malades et professionnels de santé, les blouses sont en général dans une matière différente.

Signe ultime de différenciation, le malade a sa blouse fermée sur le devant et ouverte derrière. Voilà la protection du corps que propose un hôpital, une blouse ouverte sur l’arrière.

Avez-vous déjà connu cette sensation d’humiliation ou vous devez marcher avec une blouse de ce type ?

De la main gauche vous poussez le pied à transfusion et de la droite vous vous contorsionnez pour tenir votre blouse fermée pour que tout le monde ne voit pas votre cul !

Que nous en diraient les psys ? C’est un signe de soumission ? Ouverte sur l’avant, un signe de pouvoir, fermée pour exécuter et ouverte sur l’arrière en signe de soumission.

L’hôpital a encore du chemin à faire pour s’humaniser, car aujourd’hui, on ne lui demande plus uniquement de soigner. Aujourd’hui, on veut être pris en considération, être connu et reconnu, mais aussi, accueilli et recueilli.

Ne riez plus jamais quand vous croiserez dans un hôpital un malade avec une blouse ouverte derrière car le pire, c’est qu’à force de souffrir, on l’accepte et on n’essaye plus de se protéger.

Pascal Mélin

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