DE L’EXCLUSION COMMUNAUTAIRE AUX COMPORTEMENTS À RISQUE…

Dans les années 1980, on pensait que l’épidémie de VIH était principalement due aux 4H : Haïtiens, Hémophiles, Homosexuels, Héroïnomanes. Lors de la mise en place de la sécurité transfusionnelle c’est tout naturellement que l’on excluait du don de sang les donneurs volontaires appartenant à l’une de ces quatre communautés.

À l’époque tout cela semblait normal puisque le virus du VIH était particulièrement répandu dans ces communautés. Mais cette sécurité ressemblait étrangement à une exclusion voire à une discrimination d’appartenance qui a été rapidement dénoncée par les associations homosexuelles féminines.

Lors d’un don du sang, tout prélèvement est précédé d’un entretien avec un médecin. Ce dernier doit vérifier, par un échange placé sous l’égide du secret professionnel, que le candidat au don n’a pas de contre-indication médicale, n’a pas pris de médicaments ou n’a pas eu des rapports sexuels non protégés avec de nouveaux partenaires. Ces questions  ont pour but d’écarter du don les personnes qui pourraient être récemment infectées et donc contagieuses et ce, avant même que l’apparition des anticorps spécifiques permettent le dépistage biologique. Cela s’appelle la fenêtre sérologique. Pourtant la communauté homosexuelle évolue et l’on sait aujourd’hui que de nombreux couples homosexuels sont sexuellement stables et n’ont donc pas de comportement à risque.

C’est cette reconnaissance qu’a reconnue l’Assemblée Nationale en votant un amendement ce vendredi 3 avril à l’unanimité pour ne plus exclure les homosexuels du don de sang.

Il a alors réaffirmé que :

 Nul ne peut être exclu du don de sang en raison de son orientation sexuelle.

Cet amendement a été passé sous silence mais il est l’aboutissement de 30 années de discrimination et son vote à l’unanimité, montre qu’au-delà du mariage pour tous, l’homosexualité est maintenant reconnue, admise, banalisée, et socialement et légalement inscrite.

Les mentalités évoluent et heureusement ! Pour le don de sang on ne pratique plus l’exclusion communautaire mais l’exclusion sur comportements à risque et ce, de façon identique aux hétérosexuels.

Mais osons pousser le bouchon un peu plus loin. Aujourd’hui, on a la preuve que les usagers de drogue ont les moyens, grâce à une politique de RDR (Réduction Des Risques), de ne pas se contaminer. Alors pourquoi sont-ils encore exclus du don ? Rigueur scientifique et virologique ou persistance d’une exclusion communautaire ? Sommes-nous prêts à recevoir le sang ou les organes de ceux qu’on appelle encore des TOXICOMANES.

Voilà un beau sujet de réflexion dans le cadre de la Semaine Mondiale de la Santé.

Pascal Mélin

Pour en savoir plus : http://www.lexpress.fr/actualite/societe/sante/don-du-sang-l-assemblee-vote-contre-l-exclusion-des-donneurs-homosexuels_1668195.html

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