UN AVOCAT DOIT DEMANDER L’INCARCERATION DE SON CLIENT POUR LUI PERMETTRE DE TRAITER SON HEPATITE C.

Nous sommes en train de créer un monde où nous perdons le sens des valeurs fondamentales. La loi il y a quelques années, a établi les soins comme une valeur universelle qui doit être identique pour une personne incarcérée, à celle d’un citoyen libre.
J’ai parlé à un avocat qui avait parfaitement compris les contradictions dans lesquelles nous nous trouvons maintenant. Les nouveaux traitements sont selon les AMM réservés aux patients atteints de stades cirrhotiques ou pré-cirrhotiques, ou au mieux des stades F2 sévères. Par contre les personnes porteuses d’une hépatite en stade F0 ou F1, ne peuvent accéder au traitement et doivent donc attendre. Pourtant actuellement, le système carcéral français concentre une population beaucoup plus touchée par l’hépatite C. Les experts ont donc recommandé que toutes les personnes incarcérées puissent être traitées pour limiter l’épidémie et ce, sur des budgets spécifiques aux soins en milieu carcéral.
Voilà pourquoi un avocat qui devait défendre un patient porteur d’une hépatite C minime (stade F1) déclarait : « Je suis prêt à demander l’incarcération de mon patient pour lui permettre d’être soigné, ce qui ne sera pas possible si je plaide sa relaxe ! » cette déclaration était froide et démonstrative de l’absurdité dans laquelle nous sommes entrain de nous enfermer avec la main sur le cœur.
Si nous arrivons en novembre 2014 à de telles incongruités, c’est parce que depuis des années nous n’avons pas été en mesure de répondre aux questions que nous répétons depuis des années. L’hépatite C est-elle une maladie virale ou une maladie hépatique ? Traitons-nous une épidémie ou des sujets indépendants les uns des autres ? Devons-nous réfléchir l’accès aux traitements avec le filtre de la fibrose hépatique, de l’âge, du mérite, de l’envie de guérir, des manifestations extra hépatiques, de la capacité à produire des richesses ? Nous devons organiser et réfléchir les soins pour ne laisser personne en dehors des soins. L’engouement médiatique sur les nouveaux traitements a comme principal effet d’amener des patients dans une prise en charge. L’accès aux soins par une prise en charge égalitaire et correcte restera toujours le principal levier du dépistage.
Pour que jamais personne ne puisse souhaiter être incarcéré pour se soigner.

Pascal Mélin

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Un commentaire sur “UN AVOCAT DOIT DEMANDER L’INCARCERATION DE SON CLIENT POUR LUI PERMETTRE DE TRAITER SON HEPATITE C.

  1. Le sens des valeurs fondamentales : Nous l’ AVONS créé, déjà, ce monde. Nous enjambons les « SDF, » sigle sans chair désignant des gens qui parfois haranguantes violentes et alcoolisées se précipitent sur vous dans les rues de Paris… Ils sont peut être cirrhotiques … J’ai honte, du fait de leur dégradation, de la violence de ce qu’ils s’infligent et subissent… Pendant que, et je n’ai pas compris pourquoi, des laboratoires peuvent gagner des milliers d’euros… sur les nouvelles molécules.
    Le propos de Pascal du 18.11. me fait penser que lorsqu’on est F1 ou F2 on ne comprend pas forcément pourquoi on se traiterait… Et si le virus disparaissait tout seul ? On ne pense pas du tout que tous les contaminés hépatiques pourraient être traités. S’ils doivent être traités, pourquoi continuer à noyer le poisson : Souvent dans les médias on parle de « maladies chroniques comme le diabète, l’obésité ». On ne parle presque jamais des hépatites. Ce non vouloir savoir, ces langues de bois nous empoisonnent. Cela rafraîchirait les consciences de nommer les faits et les choses avec netteté dans les journaux, à la radio, à la télévision.

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