EASL JOUR 2

– Le Baluard: Salle de consommation

– Hépather

– VHB et migrants

– Elafibranor

– Traitement chez les ados

Nous assistons à l’enterrement de l’interféron, la révolution thérapeutique ne pourra plus être arrêtée . Toujours plus fort, moins longtemps, reste à l’attribuer au plus grand nombre de personnes pour en faire une véritable révolution sociale. Lors de l’ouverture du congrès, les quatre grandes Sociétés savantes pour l’étude des maladies du foie des différentes régions du monde se sont retrouvées ici à Barcelone pour signer devant tout le monde un manifeste qui sera envoyé à l’OMS,  demandant expressément l’éradication de l’hépatite C et le contrôle universel des hépatites virales. Nous, pendant ce temps, SOS HEPATITES , allions à la rencontre des usagers et des professionnels d’une salle de consommation à moindre risque et revenions au congrès pour écouter le retour d’expériences innovantes.

Le BALUARD, salle de consommation à moindres risques

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A Barcelone tout le monde le connait, Baluard c’est le nom des constructions destinées à garantir la défense et la liberté des chantiers navals. Pas de plus beau symbole pour y installer l’un des trois centres de consommation à moindres risques de la ville. C’est là que l’équipe de SOS Hépatites s’est rendue pour visiter la structure que nous nommons habituellement de façon indélicate «salle de shoot» et discuter avec les intervenants. Le Centre est situé dans un quartier agréable, proche du centre ville, avec une rampe d’accès handicapés.

Nous avons été accueilli par Antonio un des 3 médecins psychiatres que compte le Centre, où un infectiologue intervient aussi régulièrement.

IMG_2381   Antonio, Médecin psychiatre de la salle de conso

Il nous a appris que la structure existe depuis 15 ans, a vu passer 9000 usagers environ. Elle est ouverte tous les jours de 9h à 22h, et 30 à 50 passages chaque jour. Une fois passé le sas d’accueil, nous découvrons la salle d’injection, 4 ou 5 boxes placés sous la surveillance d’infirmières ou de travailleurs sociaux et adjacente à une petite salle de soins et de prélèvements. Le matériel est mis à disposition, seringues à usage unique bien sûr, avec aiguilles de différentes tailles. De l’autre côté, une autre pièce, celle ci réservée d’avantage aux adeptes du crack ou du snif, salle équipée d’un extracteur de fumée.

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Plus loin, une salle de repos où les usagers peuvent s’y «poser», laisser leurs affaires parfois pour ceux qui dorment dans la rue, se doucher, manger un peu ou boire un café. Un jeune homme plaisantait avec une infirmière, une autre dormait, la tête posée sur une table, un troisième nous demande une cigarette…. On sent une ambiance calme, cet endroit est apaisant et semble être un véritable refuge pour tous ces toxicomanes souvent malmenés par la vie.

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Des ateliers sont aussi mis en place, informatiques, artistiques, mais aussi on leur enseigne les gestes qui sauvent en cas d’overdose en leur apprenant à utiliser et à avoir sur eux de la Naloxone, antidote de l’héroïne. Ensuite, nous avons interrogés Antonio sur tout ce qui peut nous intéresser, nous, Français pour créer des structures identiques. Il nous explique que les nouveaux venus sont appelés à se dépister des hépatites, du sida, mais aussi de la syphilis et de la tuberculose, il n’y a jamais de refus de dépistage. Baluard est également équipés de TROD et les utilise beaucoup. Si les tests sont négatifs pour la B, on leur suggère la vaccination, faite sur place, 3 injections donc. Pour la VIH et le VHC, si les tests sont positifs, ils sont orientés sur les services compétents avec qui ils ont des conventions. Ils peuvent prendre leur traitement dans le Centre ensuite à leur sortie. On apprend qu’il y a entre 70 et 80% de porteurs d’hépatite C, beaucoup moins du VIH (40%) et peu d’hépatites B. Les traitements de substitution sont aussi disponibles sur place, il nous explique qu’on leur donne pour plusieurs jours ou chaque jour, c’est au cas par cas. Nous l’avons interrogé sur leurs rapports avec la police, ils ont de bonnes relations, les voitures de police ne font pas sans arrêt des rondes autour de la structure….

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D’ailleurs, il faisait beau ce jour là et quelques toxicos trainaient sur des bancs juste devant le Centre. Il y a quelques règles à respecter où ils sont intransigeants : pas de deal dans le Centre, pas d’injections de produits non injectables, et Antonio nous a dit que tout se passe bien, très peu de «dérapages». Le Baluard est financé par la municipalité, mais des associations comme la nôtre les épaulent beaucoup; En effet, il n’y a pas en Espagne de minimas sociaux ou d’allocations handicapés comme en France, et, se loger, se nourrir, se vêtir deviendrait vite très difficile sans ces soutiens.

Cet endroit a vraiment pour vocation la réduction des risques, mais la prise en charge médicale y a aussi une grande importance, par la délivrance de traitements de substitution mais aussi par la mise en place de toute la chaine de soins du dépistage aux traitements.

 

Nous l’avons remercié et félicité pour ce travail vraiment remarquable!

 

HEPATHER

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Le poster de présentation de la cohorte 22, Hépather présenté par l’équipe de l’ANRS ne sera resté que 2 heures! Il a été volé! Mais à qui profite le crime? Un autre pays Européen aurait il intérêt à ce qu’on ne communique pas les résultats de la cohorte Française? Nous vous donnons les résultats en avant première. 35 centre hospitaliers Francais ont inclus 20798 patients, dont 2156 patients traités par AAD de janvier 2013 à octobre 2014. 63 % des patients de la cohorte étaient cirrhotiques . Avec différentes combinaisons, on a pu obtenir 90 % de guérison dans la vrai vie. Au total, 31 personnes sont mortes, 10 en lien avec une hépatite C, 94 d’un cancer du foie et 48 d’insuffisance hépatocellulaire. La comparaison entre les patients traités et non ne faisait pas apparaitre de différence notables pour les décès en lien avec l’hépatite C , par contre on retrouvait une diminution de 43% des cancers du foie, une diminution de 77% des décompensations de cirrhose .

On pourrait aussi évoquer la cohorte allemande GECO (nom donné aussi au petit lézard des tropiques, à ne pas confondre avec la salamandre de Gaudi, symbole de Barcelone). La cohorte GECO, 1353 patients ont été inclus. Dans cette cohorte représentant la vraie vie, seuls 4,9% des patients n’ont pu obtenir de guérison mais surtout les patients infectés par le génotype 2 (10,5%) et pour les genotypes 3 (10,5%). Les traitements sont particulièrement efficaces pour les personnes infectées par un génotype 1. Pour les patients en échec d’un traitement et infecté par un génotype 2 ou 3 il y a une nécessité a développer d’autres combinaisons thérapeutiques.

 

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VHB et migrants

Le Dr Solbach rapporte cette étude portant sur 293 migrants arrivés en Allemagne. Les tests des dépistages systématiques ont retrouvé 2,3 % de porteurs chroniques de l’hépatite B, ce qui est plus que la moyenne nationale. Seuls les enfants avaient pu être parfois vaccinés mais ce n’était pas la majorité. Il faut prendre soin de ces populations migrantes qui viennent de régions endémiques plus touchées que la nôtre. Mais en aucun cas les critères d’infections virales chroniques ne doivent amener aux refus de l’immigration. Associations et médecins doivent dynamiser la pratique universelle de la vaccination pour enrayer le phénomène.

 

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                         SALLE PLENIERE A L’EASL

 

ELAFIBRANOR

Il y a beaucoup de molécules en développement dans la lutte contre l’obésité et la stéatose . Dans ce domaine, les hépatologues rejoignent nutritionnistes et diabétologues face a une épidemie d’obésité.
Le Pr Vlad Ratziu a présenté les résultats de l’étude GOLDEN 505 qui développe une nouvelle molécule l’Elafibranor en phase 2B.
Les patients étaient répartis en 3 groupes : 50 dans le groupe placebo, 50 dans le groupe Elafibranor 80mg et 31 dans le groupe 120 mg.
Les trois groupes étaient similaires en répartition poids, âge, sexe.
Le traitement à 80 mg n’était pas différent significativement du bras placébo mais à 120 mg les contrôles et la comparaison des biopsies avant et après traitement montre une amélioration de 26% chez les patients les plus sévères . Une étude de phase 3 a 120 mg va pouvoir débuter…

A suivre

HEPATITE  C / TRAITEMENT CHEZ LES ADO
CA MARCHE AUSSI !!

 

C’était évident mais encore fallait-il le démontrer ! c’est ce que nous a rapporté le Dr Schwarz de l’Université de Baltimore qui a coordonné une étude multicentrique Americaine sur la tolérance et l’efficacité des traitements chez les adolescents. Les ados étaient porteurs d’hépatite C et traités par une combinaison de sofosbuvir/ledipasvir pendant 12 semaines. La tolérance et f’efficacité sont equivalentes à celles des études chez les adultes. Reste le problème de l’autorisation et du désir de soins . Le traitement doit être dicté par la volonté du malade et non par la culpabilité de ses parents.

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A SUIVRE

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