MIGRANT ET HÉPATANT…

Il s’appelle Tiago  il déclare avoir 16 ans et demi. Il est migrant arrivant d’Afrique sub-saharienne. Son statut de mineur le protégé mais comment prendre soin de lui. Sa simple admission dans un foyer de l’enfance ne saurait être l’unique réponse. La demande du Conseil Général pour la réalisation de radiographie osseuse afin d’expertiser son âge est encore moins une réponse cohérente, car la réponse pourrait être l’expulsion en cas de confirmation de sa majorité.

Mais voilà nous soignants, médecin généraliste et équipe d’éducation thérapeutique avons proposé un autre regard, celui du « prendre soin ». Un bilan de santé minimale lui a été proposé et des tests de dépistage concernant le SIDA, l’hépatite C et l’hépatite B. Résultat : il était porteur chronique du virus de l’hépatite B, c’est comme ça qu’il a été adressé à l’équipe d’éducation  thérapeutique pour son évaluation et sa prise en charge.

Lors de notre première rencontre Tiago était renfermé, les bras croisés il semblait se sentir piégé, surveillé, pris au piège, il refusait toutes les prises de sang. L’infirmière a du faire preuve d’une patience infinie pour l’apprivoiser et lui faire accepter le bilan. Une semaine après je le recevais pour lui apprendre qu’il avait une cirrhose avec une quantité importante de virus de l’hépatite B dans le sang. L’assistante sociale déclenchait alors une AME (Aide Médicale d’Etat) pour lui permettre d’accéder à un traitement. Quelques semaines plus tard il pouvait donc débuter son traitement, il acceptait le bilan au bout d’un mois ce qui permis de lui montrer de bons résultats et d’améliorer encore sa confiance et sa compliance. L’ensemble de l’équipe de l’UTEP (Unité Transversale d’Education pour le Patient) se félicitait de cette bonne évolution… Mais quelques semaines plus tard nous apprenions que Tiago avait fugué du centre, plus de nouvelles…

Mais au bout de quelques jours Tiago appela l’infirmière de l’UTEP, il était sur Paris et voulait savoir comment faire pour rencontrer un médecin et ne pas arrêter son traitement…

Profiteur, assisté, abuseur ? Se sont peut-être les qualificatifs qui vous viennent en tête. Mais moi je ne veux y voir qu’un jeune homme atteint d’une cirrhose virale B qui a compris l’importance de sa maladie et la nécessité de son traitement.

Bref je n’y ai vu qu’un effet bénéfique d’un programme d’éducation hépatite.

Pascal Mélin

 

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