HÉPATITES FICTION…

Ce matin, Kévin n’arrive pas à ouvrir les yeux. Un marteau-piqueur semble vouloir percer sa tête. Il va être en retard au travail…

Quand brutalement, il se souvient que depuis deux semaines il n’a plus de travail. Un mois que Kévin a décidé de tout envoyer balader pour faire la fête pour oublier les soucis…

Ah qu’ils étaient doux les paradis artificiels de l’alcool et des drogues !!!
Ce délicieux abandon est vertigineux. Sentir à nouveau cette perte de contrôle. Il est bon de se sentir libre mais c’est tout aussi exquis de palper l’arrivée de la dépendance en espérant que l’on pourra la dominer.

Kévin venait de se rappeler qu’aujourd’hui il avait rendez-vous au centre d’addictologie pour renouveler son traitement par méthadone tout en espérant qu’on ne lui fasse pas de test urinaire car ses résultats ressembleraient à un catalogue colombien…

2015-09-01 18.13.29Il ressentait toujours ces coups sur son crane à rythme régulier qui envahissaient tout son corps maintenant. C’est alors que Kévin compris que cette vibration venait de son bracelet connecté qu’on lui avait imposé pour accéder à la méthadone.

Depuis 2020, le programme national d’éradication de l’hépatite C bloquait sur quelques milliers d’usagers de drogues. On les accusait d’entretenir l’épidémie empêchant ainsi l’éradication du virus sur notre territoire national comme s’y étaient engagés les spécialistes de l’AFEF il y a maintenant… 10 ans.
Les recherches sur l’obtention d’un vaccin avaient été abandonnées par les chercheurs car la population avait toujours peur de la vaccination et s’opposait à tous les vaccins. Il n’y avait guère que quelques associations comme SOS Hépatites pour réclamer la reprise du développement du vaccin afin de protéger les usagers de drogues mais aussi toute la population. La parade était venue des politiques. Ils avaient exigé le développement du programme C’virostop nécessaire à l’obtention d’un traitement de substitution par méthadone. Il y a deux ans, Kévin avait dû se résoudre à signer ce protocole C’virostop. Il avait été vacciné contre les hépatites A, B, E et contre le VIH pour lequel un vaccin existait maintenant depuis 2 ans. Contre l’hépatite C, un nano détecteur avait été implanté dans le foie qui était relié à sa montre connectée au centre d’addictologie.

Il avait détesté l’obligation de porter cette montre connectée qui lui rappelait trop le bracelet électronique qu’on lui avait fixé à la cheville dans ses jeunes années lui évitant ainsi la prison.
Le programme C’virostop lui avait permis d’accéder à un traitement par méthadone mais surtout de contrôler sa toxicomanie.
La vibration venait de sa montre connectée. Kévin ouvrit les yeux et découvrit le message d’alerte : le nano détecteur avait dépisté la présence du virus de l’hépatite C dans son foie.

Merde !!!

Il devait se rendre au plus vite au centre d’addictologie mais le protocole était formel s’il se contaminait avec le virus de l’hépatite C, il serait alors incarcéré rapidement pour être traité mais son traitement par méthadone serait alors remis en cause. C’était là l’invention politique et médicale pour dompter l’épidémie de l’hépatite C chez les toxicomanes.

À nouveau Kévin eu le sentiment d’être piégé, humilié, pestiféré, décidément garder le contrôle était une chose difficile.

J’espère que cela restera de la science-fiction… que nous saurons trouver d’autres solutions pour traiter sans exclure…

Pascal Mélin

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3 commentaires sur “HÉPATITES FICTION…

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