ÉBOLA. LE VACCIN EST LÀ ET ALORS ?

EBOLA. Le virus qui a fait trembler les démocraties. Par le passé se sont les grandes épidémies comme la peste, le choléra, la tuberculose ou plus récemment le SIDA qui ont ébranlé les démocraties.

Aujourd’hui, grâce aux média et à grand renfort de sensationnalisme c’est EBOLA qui est venu nous faire peur. Alors pourquoi ? Ce virus est pourtant connu depuis plus de 30 ans et il a déjà fait plusieurs épidémies dans différentes régions d’Afrique. Oui, mais là il y avait les yeux du monde. Et pour la première fois, comme dans un scénario de science-fiction on pouvait imaginer la diffusion de cette épidémie mortelle, à l’échelon planétaire.

Les frontières se sont fermées, les moyens de transports se sont paralysés, l’économie de région entière a été mise au point mort… Pour justifier cette mise en quarantaine les pays riches ont envoyés des équipes médicales d’aide. Les centres hyper spécialisés en maladies infectieuses ont accepté d’accueillir et de soigner les soignants qui s’étaient contaminés dans le cadre de leur mission d’assistance. Les différents pays d’Europe ont chacun accueilli des malades mais il s’agissait toujours de ressortissants européens et jamais de malades africains qui devaient rester sur site pour bénéficier de soins locaux. L’épidémie EBOLA est rapide, hautement contagieuse et foudroyante. Il n’existait aucun traitement ni vaccin. Des sommes colossales ont été débloquées et plusieurs équipes de chercheurs ont été sommé de travailler sur cette épidémie. Très vite des molécules ont semblé intéressantes, mais les stratégies des essais thérapeutiques et les études semblaient trop longs. Alors on s’est autorisé à tenter le tout pour le tout et donc à soigner des malades avec ce qu’on pensait être efficace. Scandaleux me direz-vous ? Et bien non, car il n’y avait aucune autre alternative mais les budgets mobilisés en quelques mois ont permis de mettre au point des traitements qui ont réduit significativement la mortalité et cette semaine ont nous annonçait qu’un vaccin était mis au point et qu’il était efficace dans 100% des cas.

Bravo devant de tels résultats ! Et pourtant que se cache-t-il derrière cette annonce tonitruante ? Le vaccin VSV-ZEBOV, car c’est son nom, a quand même la particularité de devoir se conserver à moins 80 degrés Celsius ! Ce qui sera une prouesse technologique là ou l’épidémie sévit, c’est-à-dire dans 3 pays pauvres et au climat tropical, La Guinée, La Sierra Leone ou le Libéria. De plus l’équipement sanitaire étant insuffisant dans ces pays, les soignants locaux ont été exposés et largement décimés. Aujourd’hui, les manques de soignant ralentissent les autres programmes d’accès aux soins. Ainsi, en Sierra Leone seuls 20% des 10 000 séropositifs au VIH, connus, reçoivent encore un traitement et 50% des emplois du secteur privé ont été perdu, au Libéria le pouvoir d’achat des ménages a chuté de 35% en 6 mois.

Alors pour qui sera le vaccin ? Pour les pays riches et leur permettre de se protéger de cette nouvelle peste prête à les envahir ? Ou bien poursuivrons nous la solidarité Nord/Sud pour permettre l’accès aux soins et à la prévention des populations ? Cinq milliards de dollars ont été promis pour aider au redressement des économies de ces trois pays et la mise en place de programmes pour apprendre aux populations locales et aux soignants de se protéger. Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) soutient les pays qui exécutent les programmes de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme, financés par le Fonds Mondial (qui oublie toujours les hépatites virales), aujourd’hui il s’est investi aussi dans la lutte contre Ebola.

Mais les croyances ont la vie dure (la France en sait quelque chose), ainsi localement il a été dit que cette maladie se transmettait par les soins dans les hôpitaux et les dispensaires. Ce sont 800 000 femmes qui devraient accoucher dans les 12 mois et pourtant elles sont tentées de fuir les hôpitaux, ce qui augmentera la mortalité materno-infantile. Il est bien évident que le problème va bien au-delà de l’accès au vaccin mais repose clairement sur l’accès aux soins pour les plus démunis.

Et l’hépatite B me direz-vous ? Et bien pendant tout ce temps il n y a toujours pas de programme de dépistage des femmes enceintes ni de vaccination systématique des nourrissons dans ces pays… Cet attentisme est criminel…

Mais nous sommes dans un pays riche, l’épidémie d’Ebola est sous contrôle, nous avons un vaccin pour nous en protéger, tout va bien dans le meilleur des mondes. Le championnat de France de foot de ligue 1 a repris et l’équipe du PSG a gagné son premier match, ce qu’elle n’avait pas fait depuis 4 ans…

Pascal Mélin

Pour en savoir plus : http://www.huffingtonpost.fr/mandeep-dhaliwal/les-plus-demunis-pourront-ils-beneficier-du-vaccin-contre-ebola_b_7953972.html 

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2 commentaires sur “ÉBOLA. LE VACCIN EST LÀ ET ALORS ?

  1. je suis bien d’accord avec toi chloé , mais c’est bien pour cela que la question de l’accés aux soins est primordial pour nous et ce en france comme a l’echellon international .
    pascal Mélin

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