Le SIDA DOIT BEAUCOUP A L’HEPATITE B…

Le Sidaction 2013 se termine, vous pouvez continuer à faire un don par internet mais n’oubliez pas les malades atteints d’hépatites. Je ne prêche pas pour un hepat-action mais pour un vir-action sans mauvais jeu de mot.

Cette année et ce malgré la crise, les dons ont augmenté, la solidarité a donc toujours sa place et fonctionne encore en France. Merci.

Pour clore cette action de lutte contre le virus du SIDA, connu depuis 31 ans, il est intéressant pour nous tous de faire le lien entre les virus des hépatites et le VIH.

Reprenons l’histoire de la ville de San-Francisco. Cette grande agglomération de la côte ouest des Etats Unis a toujours abrité une grande communauté d’homosexuels masculins parfaitement intégrés.

Cette particularité est à la fois culturelle et historique. Grâce à un niveau socio culturel élevé les homosexuels de San-Francisco se sont régulièrement interrogés sur leur état de santé. C’est dans ce contexte qu’en 1970 une épidémie d’hépatite B fait son apparition à San-Francisco. Les représentants des usagers ont alors interrogés les médecins hospitaliers pour travailler aux messages de prévention et à la surveillance de la maladie. C’est ainsi qu’en 1976 usagers et médecins créent la cohorte d’homosexuel de San Francisco et proposent à tous les patients de la communauté qui le souhaitent de venir se faire dépister par un bilan biologique tous les 6 mois et de garder leur sérum dans des congélateurs.

Qu’avons-nous tiré de la mise en place de cette cohorte ?

Premièrement, ayant compris l’importance de cette cohorte, les homosexuels se sont présentés par centaine pour demander à être dépistés et suivis.

Deuxièmement, cette cohorte a montré que les messages de préventions prodigués et diffusés par les pairs permettaient de contrôler une épidémie.

Troisièmement, et ce n’était pas prévu, comprendre l’épidémie du VIH jusqu’alors inconnue. Le VIH a été découvert en 1981 et dans les années qui ont suivi, des tests sérologiques ont été mis au point.

Au milieu des années 80, le SIDA était la maladie des 4 H (hémophiles, haïtiens, héroïnomanes et homosexuels).

A cette époque, la communauté homosexuelle de San-Francisco se découvre largement touchée par le SIDA. Spontanément, dès 1984 les usagers et les médecins ressortent les sérums des congélateurs pour comprendre et retrouver quand avaient eu lieu les contaminations et évaluer le temps de latence entre la contamination et le passage en stade SIDA. Et c’est grâce à cette cohorte VHB que l’on découvre que 30% des patients passent en stade SIDA au bout de 7 ans et qu’en moyenne il s’écoulait 10 ans.

Ces résultats furent publiés dès 1986 et ont permis de comprendre l’histoire naturelle du VIH bien avant le suivi prospectif des cohortes européennes qui se mettront en place après.

Pour ce Sidaction 2013, il faut rappeler que 40 millions de personnes vivent avec le VIH en 2013 et que 70 à 80 millions de personnes sont déjà mortes.

Pour ce Sidaction 2013, souvenons nous que la rencontre des malades et des médecins pour travailler ensemble est une source de progrès.

Pour ce Sidaction 2013, souvenons que les patients sont des acteurs primordiaux d’accès aux soins, d’accès à la prévention, de la recherche et de la surveillance épidémiologique.

Il n’y a pas de barrière entre les virus, ne mettons pas de frontières qui n’ont aucun sens. D’un virus à l’autre nous avons tous à apprendre les uns des autres.

Pascal MELIN

Président de SOS Hépatites Fédération.

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