14 000 VICTOIRES ET 100 000 INQUIÉTUDES

Au 1er janvier 2019, il restait en France métropolitaine un peu moins de 102 000 porteurs chroniques du virus de l’hépatite C, selon les derniers chiffres publiés par le Baromètre de l’élimination de l’hépatite C.

L’année 2017 avait été marquée par un nombre record de plus de 18 000 guérisons, grâce à la généralisation des traitements par antiviraux d’action directe (AAD), très efficaces. En 2018, la réduction du nombre de porteurs chroniques se poursuit à un rythme moins élevé, puisque 14 000 guérisons ont été enregistrées.

Il faut bien sûr se réjouir de ces 14 000 victoires nouvelles contre le virus de l’hépatite C. Mais si le ralentissement enregistré par le baromètre se poursuit, la France n’atteindra pas son objectif d’élimination de l’hépatite C en 2025.

Pour que cet objectif puisse être atteint, il devient urgent de passer à la vitesse supérieure afin de dépister tous les porteurs du virus qui s’ignorent. Pour cela, la stratégie de dépistage ciblé auprès des personnes dites “à risques” (usagers de drogues par voie intraveineuse, prisonniers, personnes transfusées avant 1992, etc.) a montré ses limites. Une récente étude[1] a montré l’intérêt à la fois sanitaire et économique du dépistage universel du virus de l’hépatite C chez tous les adultes de 18 à 80 ans, à condition que les personnes découvertes porteuses du virus soient rapidement traitées. Il ne faut plus attendre !

Il reste 100 000 personnes à guérir en France, dont 75 000 ne savent pas qu’elles sont porteuses du virus. L’année 2019 doit être celle d’une mobilisation accrue de tous les acteurs, en particulier des médecins généralistes qui devraient pouvoir prochainement prescrire directement les traitements antiviraux à leurs patients.

En 2018, nous avons fait du bruit contre l’hépatite C. Nous avons continué à mobiliser malades, anciens malades et soignants autour de projets innovants de santé publique : les villes et villages sans hépatite C (Strasbourg, Marseille, Montpellier, mais aussi Corbigny dans la Nièvre ou Arreux dans les Ardennes), les CSAPA et CAARUD* sans hépatites… En 2019, il faut en faire encore plus !

Télécharger l’infographie du baromètre au 1er janvier 2019

A propos du Baromètre de l’élimination de l’hépatite C

Le Baromètre, mis en place à l’initiative d’un groupe d’hépatologues et de SOS Hépatites, soutenus par le laboratoire Gilead, est un outil original de suivi épidémiologique intégrant à la fois le nombre de guérisons et le nombre de contaminations nouvelles. Ses chiffres sont mis à jour chaque trimestre. Il est piloté par un comité scientifique, qui se réunit régulièrement pour valider les données à partir du nombre de patients traités et de l’évolution des taux de guérison.

Le comité scientifique est composé de : Dr Marc Bourlière, hépatologue à l’Hôpital Saint-Joseph de Marseille ; Pr Victor de Ledinghen, hépatologue au CHU de Bordeaux ; Dr Pascal Mélin, hépatologue au CH Saint-Dizier et président de SOS hépatites fédération ; Dr Françoise Roudot-Thoraval, hépatologue au CHU Henri-Mondor de Créteil.

 

* CSAPA, Centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie

CAARUD, Centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues

[1] Sylvie Deuffic-Burban et al. Assessing the cost-effectiveness of hepatitis C screening strategies in France. J Hepatology October 2018 Volume 69, Issue 4, Pages 785–792

Partager l'article

21985